À l’occasion du match de Ligue 1 Montpellier HSC – Olympique de Marseille, dimanche 20 octobre, 700 ultras marseillais ont tenté de rejoindre le parcage visiteurs au Stade de la Mosson. Cependant, la préfecture de l’Hérault n’avait autorisé le déplacement que de 450 supporters. Interceptés par les forces de l’ordre sur l’autoroute, les supporters marseillais se sont affrontés aux policiers, blessant 6 CRS. Cette nouvelle controverse autour des ultras montre bien leur capacité à engendrer le meilleur comme le pire.

Les ultras sont des supporters de football caractérisés par une ferveur et un engagement sans faille pour leur club. Ils ne sont pas de simples spectateurs, ils font partie intégrante du match et de son spectacle. Dans les gradins, ils créent une ambiance impressionnante à travers des chants, des tifos, l’usage de fumigènes, engins pyrotechniques, et de bannières. Mais l’engagement des ultras dérape parfois. Entre passion pour le football et actes de violence, les ultras se retrouvent souvent au cœur de polémiques.

 

Les tribunes : entre soutien aux joueurs et affirmation identitaire

Les ultras, fidèles supporters de leur club, constituent un véritable pilier d’ambiance lors des rencontres sportives. Leur engagement ne se limite pas à  la victoire sur le terrain mais aussi dans les gradins, faisant d’eux le douzième homme de leur équipe. 

Dans les tribunes, les ultras orchestrent un spectacle vivant notamment grâce aux tifos. Ces grandes fresques colorées, symbole de la dévotion des supporters, sont aussi un moyen unique de transmettre des messages. Lors du match contre Lorient le 17 octobre 2021, les ultras de l’OM ont par exemple rendu un hommage spectaculaire à Bernard Tapie, ancien président du club dans les années 1990 qui avait permis de remporter sa première Ligue des Champions. Ainsi le 17 octobre, les tribunes se sont vues recouvertes d’un tifo représentant Bernard Tapie avec une étoile, symbole de la victoire en 1993, entouré des mots «le boss pour l’éternité ». À travers ce tifo, les ultras de l’OM ont manifesté leur identité. Chaque groupe ultra possède ses propres allégories, souvent liées à l’histoire de la ville, aux valeurs locales, ou à des références culturelles spécifiques ou politiques. Par exemple, le drapeau des États confédérés d’Amérique, symbolisant aujourd’hui la fierté d’appartenir à la région sud de leur pays, est repris par plusieurs clubs comme l’OM ou Salernitana.

 

Quand la passion dérape vers la violence 

La passion pour le club peut parfois se transformer en comportements agressifs, que ce soit contre d’autres supporters, les forces de l’ordre ou même les joueurs. Il y a donc une dualité entre les ultras gardiens d’ambiance et les ultras auteurs de violence.

« À la fin du match OM – Panathinaïkós en barrage de ligue des champions, les joueurs marseillais sont venus devant le virage sud du Vélodrome pour applaudir et remercier le soutien des ultras durant tout le match. Les Commando Ultra 84 (la partie basse du virage) se sont alors mis à applaudir les joueurs en retour, mais les South Winners (partie haute du virage) ont commencé à siffler les joueurs, car ils n’avaient pas aimé leur prestation. À la suite des applaudissements des Commandos, une trentaine de membres des SW sont descendus dans la Tribune basse et se sont mis à frapper tout le monde, c’était une scène de chaos dans la tribune. » raconte un membre des Commando Ultra 84. 

La rivalité entre clubs de football peut mener à des affrontements violents entre ultras. L’un des exemples les plus notoires en France est l’affrontement des ultras lors des rencontres entre Paris Saint-Germain (PSG) et l’Olympique de Marseille (OM), surnommé Le Classico. Ces matchs ont souvent été marqués par des heurts, comme en 2010, où un supporter du PSG, Yann Lorence, a été battu à mort lors d’une rixe entre deux groupes de supporters du même club en marge d’un match contre Marseille.

Les tensions entre ultras de clubs rivaux se traduisent également par des embuscades et des bagarres organisées hors des stades, à l’abri des caméras et des autorités. Ces affrontements peuvent se produire avant les matchs ou lors des déplacements. Le 7 novembre 2023 avait lieu une rencontre de ligue des champions opposant le Milan AC au PSG. Alors que les ultras parisiens prenaient un verre au bord d’un canal en Italie, ils ont été encerclés par une cinquantaine de milanais équipés de casques, grenouillères, et armés de matraques et mortiers. Un supporter français a été hospitalisé après avoir reçu deux coups de couteau à la jambe.

 

Maxence Plancher et Emma Trevin

Groupe Armata Ultras 2002 ( Montpellier)

Groupe ultra South Winners ( OM)