Curieuse et passionnée, Abigail, 25 ans, appartient à cette génération qui avance sans certitudes mais avec une énergie contagieuse. Originaire de Pennsylvanie, elle vit aujourd’hui à Charlotte, en Caroline du Nord, où elle travaille comme Product Analyst pour Hanesbrands, au sein de la marque Maidenform. Elle raconte le quotidien d’une génération qui cherche à se construire autrement.
Sous le ciel changeant de Caroline du Nord, Charlotte est une ville en pleine effervescence, mêlant tradition sudiste et dynamisme économique. Ici, l’énergie des start-ups cohabite avec le charme des porches en bois et des cafés de quartier. C’est dans ce cadre qu’Abby a trouvé son équilibre. Diplômée en marketing, psychologie et en finance de l’Université d’Elon, elle représente une jeunesse américaine loin des clichés, qui avance avec espoir malgré les incertitudes.
Pour Abby, la vie aux États-Unis semble souvent plus rapide qu’en France, empreinte d’une urgence constante. Elle grandi dans une famille interconfessionnelle, mêlant catholicisme et judaïsme, et observe un renouveau de la foi chez les jeunes, plus marqué qu’autrefois. La génération Z aujourd’hui aux États-Unis, navigue entre ambition et incertitude. Une génération marquée par les crises économiques, les débats identitaires et les fractures sociales, mais qui refuse tout cynisme. Pour Abby, cette complexité est une richesse, un terrain de réflexion pour mieux comprendre le monde et y trouver sa place.
Que penses-tu de la génération Z dans ton pays ?
La génération Z souffre parfois d’une mauvaise image : on la dit hyperconnectée, trop en ligne, manquant d’individualité. Pourtant, en tant que membre de cette génération, je la trouve incroyablement engagée. Nous sommes passionnés par les causes qui nous tiennent à cœur et n’hésitons pas à défendre nos convictions. Nous votons, nous débattons, nous nous mobilisons.
Ce que je vois autour de moi, ce sont des jeunes qui s’organisent pour des sujets très concrets : la santé mentale, le climat, la lutte contre les discriminations, ou encore les droits des femmes. Sur les campus, dans les entreprises ou en ligne, les conversations sont de plus en plus franches. Beaucoup de mes amis partagent des ressources, lancent des initiatives locales, ou utilisent les réseaux sociaux pour sensibiliser à leur manière.
Nous remettons en question ce qui semblait immuable, nous refusons les modèles imposés, nous exigeons plus de transparence, plus de cohérence. Ce n’est pas de la rébellion gratuite : c’est une volonté d’aligner le monde avec les valeurs d’aujourd’hui. Même si tout n’avance pas aussi vite qu’on le voudrait, il y a cette conviction partagée que le changement dépend aussi de nous, et qu’il a déjà commencé.
Qu’est-ce qui te préoccupe le plus en ce moment dans ton pays ?
Je suis inquiète de la situation économique actuelle. Le pays traverse une période de ralentissement, et trouver un nouvel emploi est devenu un vrai défi. Le coût de la vie a explosé ces dernières années, sans que les salaires suivent.
Je suis aussi préoccupée par la montée de l’antisémitisme. En tant que personne juive, je ressens une forme d’insécurité nouvelle. La société américaine est de plus en plus polarisée : les débats se radicalisent, et beaucoup – qu’ils soient de gauche ou de droite – se laissent influencer par ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux, les médias ou chez les influenceurs.
Penses-tu que le gouvernement accorde suffisamment d’attention aux jeunes ?
Oui, globalement. Les responsables politiques ont compris l’importance de la jeunesse. Lors de la dernière élection présidentielle, les deux principaux candidats ont consacré une part importante de leur campagne à la génération Z. Preuve que notre voix pèse désormais dans les urnes.
On sent d’ailleurs que les discours évoluent. Les équipes de campagne sont beaucoup plus présentes sur les réseaux sociaux, sur TikTok ou Instagram, là où les jeunes s’informent et débattent. Certains candidats n’hésitent plus à s’entourer de créateurs de contenu, à répondre directement aux questions des étudiants sur les campus ou à aborder des sujets qui comptent pour nous : le coût de la vie, la santé mentale, l’accès au logement, la dette étudiante.
Et il faut dire que nous représentons un poids réel : près de 40 millions de jeunes électeurs étaient en âge de voter lors de la dernière élection. Ce n’est pas encore parfait. Beaucoup de jeunes restent méfiants vis-à-vis de la politique traditionnelle. Mais on sent une vraie tentative d’écoute, une envie de mieux comprendre notre génération. Et pour moi, c’est déjà un progrès. Cela donne le sentiment qu’on n’est plus simplement « les électeurs de demain », mais bien ceux d’aujourd’hui.
Quel impact les réseaux sociaux ont-ils sur ta vie et sur celle de tes amis ?
Ils occupent une grande place dans ma vie et celle de mes amis. J’y puise une foule d’idées au quotidien : restaurants, recettes, voyages, livres à découvrir… C’est aussi un lien essentiel avec mes proches, surtout ceux qui vivent loin.
Mais avec le temps, j’ai cherché à rétablir un équilibre. Je limite mon temps d’écran, je privilégie les moments réels, les conversations en face à face. Les réseaux peuvent vite devenir source de comparaison, notamment avec les célébrités et les influenceurs. Alors j’essaie de garder mes distances avec ces contenus pour préserver mon bien-être.
Te sens-tu confiante quant à ton avenir ?
Voyager, découvrir d’autres cultures, m’imprégner de nouveaux modes de vie…Tout cela m’attire profondément. Et je crois que c’est le moment idéal pour le faire, avant de fonder une famille. Sortir de sa zone de confort, c’est la meilleure façon de grandir et de mieux comprendre le monde. Je me sens confiante pour l’avenir, même si je ne sais pas encore ce qu’il me réserve. C’est à la fois intimidant… et terriblement excitant.
Elina Ghez
