Les cultures d’Espagne et d’Amérique Latine se sont invitées à Aix-en-Provence à l’occasion du Festival d’écrivains hispaniques, du 16 au 19 octobre 2024. Le thème de cette deuxième édition, qui s’est tenue au Repère étudiant, s’intitulait « Les lettres hispaniques aujourd’hui : loisir, propagande, art, réflexion ? ». Au programme : inauguration et présentation des écrivains, plusieurs conférences, séances de dédicace, cérémonie de clôture du Festival… sans oublier une visite guidée d’Aix. Pendant les tables rondes, les écrivains ont débattu avec passion dans leur langue natale autour de différents sujets qui touchaient à l’écriture (les genres littéraires, la traduction, les horizons politiques des pays hispanisants, la fiction…).
Trois auteurs sud-américains, David Noria (Mexique), Francisco Javier Perez (Venezuela) et Diego Valverde (Pérou) ont animé jeudi après-midi une conférence sur l’essai et la critique, en s’éloignant parfois du sujet pour relater des faits sociétaux et politiques de leurs contrées. Ils n’ont pas hésité à ralentir leur débit si certains spectateurs ne parlaient pas couramment espagnol. Pour cette deuxième édition, neuf écrivains ont répondu présent à l’appel. Ils vivent tous en Espagne ou en France : faire venir un auteur résidant en Amérique Latine serait trop onéreux pour l’association organisatrice, La Noria. L’accueil d’un écrivain en résidence a permis à l’association de créer une vraie « base d’amis écrivains » selon Andrée Guigue, présidente.
Certaines tables rondes se sont déroulées à la Faculté des arts, lettres, langues et sciences humaines d’Aix-en-Provence : « cela nous donne l’occasion d’atteindre un public jeune, de leur faire découvrir la culture et les lettres hispaniques d’aujourd’hui à travers le témoignage et l’analyse d’auteurs natifs ». Les auteurs n’ont pas tous le même rapport avec la littérature et écrivent selon des genres bien différents. Mirka Reyes Chapman, originaire de Cuba, réside à Avignon depuis vingt-cinq ans et considère la France comme un « pays magnifique ». Elle écrit pour les enfants et la jeunesse, mais transmet des « messages importants » à travers ses œuvres, qui traitent d’« expériences à la fois intimes et universelles ». Son ouvrage « Yo contaré tus sueños… » évoque notamment les relations entre petits-enfants et grands-parents, « une situation qui parle à tous » selon elle. Vêtue d’une longue robe colorée et d’un chapeau brodé du drapeau de son pays d’origine, Mirka Reyes Chapman a participé à la table ronde portée sur la poésie au Repère étudiant. L’auteure cubaine apprécie particulièrement cet événement, puisqu’il lui permet d’échanger avec des essayistes et poètes hispanisants aux visions différentes sur des thèmes de société variés.
La Noria, une association culturelle aux multiples facettes
L’association culturelle franco-hispanique La Noria fête cette année ses 25 ans. Elle favorise les rencontres entre les membres de la communauté hispanique résidant à Aix et aux alentours, et ceux-ci sont particulièrement enthousiastes de se retrouver lors d’événements comme celui-ci. Andrée Guigue, anciennement professeure d’espagnol au lycée Paul Cézanne à Aix-en-Provence, chapote l’association aujourd’hui installée dans un local au Repère étudiant. L’idée est de « diffuser la culture hispanique à travers divers événements et activités », tels que des ateliers chants, conversation, écriture, mais aussi des cours d’espagnol. Chaque jeudi, l’organisme propose une tertulia : une rencontre autour d’un thème proposé, invitant les participants à la discussion pour pratiquer l’oral. Ce mois-ci, les adhérents ont pu échanger à propos du roman de Cervantes, « Don Quichotte ». Plusieurs grands événements ponctuent l’année : l’accueil d’un écrivain en résidence pendant un mois, une semaine de cinéma hispanique en collaboration avec le cinéma Mazarin, et des voyages culturels. « Nous partons chaque année à Grenade, la ville jumelle d’Aix-en-Provence, où nous faisons un échange avec les membres de la chorale locale », explique Andrée Guigue. Le groupe prévoit également une excursion en Espagne (à Tolède) ce mois-ci, et une au Pérou début 2025. La Noria ouvre ses porte à un public très varié, enfants comme adultes en passant par les étudiants.
Clara Le Grand
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