Chaque année, le mois d’octobre se teinte de rose pour rappeler l’importance du dépistage du cancer du sein. Première cause de mortalité par cancer chez les femmes, cette maladie touche plus de 60 000 nouvelles personnes par an, en France. Pourtant, détectée à temps, elle se soigne dans 99 % des cas. Il est donc important de passer par des actions locales, au plus près du public.

Vendredi 10 octobre, dans la matinée, malgré le froid, les salariés d’A13 La Mimétaine — entreprise d’ambulances installée à Bouc-Bel-Air — ont transformé leur cour en espace de prévention. Une grande table garnie de croissants, clémentines et jus de fruits accueille les employés. Entre deux viennoiseries, chacun s’arrête devant le stand de Léa, venue spécialement pour l’occasion.
Autour d’un faux buste de femme, remplis de tumeur, elle explique les gestes d’autopalpation : « Touchez, sentez, comparez. L’idée, c’est d’apprendre à connaître sa poitrine  pour repérer toute anomalie ».

Le cancer du sein résulte en effet, d’un dérèglement de certaines cellules qui se multiplient pour former une tumeur. Dans 80 % des cas, il apparaît après 50 ans, d’où l’importance du dépistage organisé proposé aux femmes de 50 à 74 ans tous les deux ans. Ce suivi, pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie, permet une détection précoce — souvent avant même l’apparition de symptômes visibles.

Mais la prévention commence bien avant cet âge. Dès 25 ans, il est recommandé de consulter chaque année un professionnel de santé, médecin, sage-femme ou gynécologue, pour un examen clinique, et de pratiquer régulièrement l’autopalpation. « Le dépistage est justement destiné aux femmes en bonne santé, explique Léa Estansan, du Centre régional de dépistage de la région Paca. Le but est de le détecter le plus tôt possible pour guérir à un stade très peu avancé ».

À Bouc-Bel-Air, la prévention prend vie

Au sein d’A13, rubans roses, affiches et kakémonos rappellent les chiffres clés du dépistage. Les employés de bureaux ont joué le jeu : la plupart sont venus habillés en rose. Sur les tables, des flyers rappellent les bons gestes à adopter selon les tranches d’âge. L’ambiance est conviviale malgré la gravité du sujet.
« Grâce à la palpation, mon cancer a été détecté très tôt. Je n’ai pas eu besoin de chimiothérapie. Ce genre d’événement, c’est essentiel », témoigne Christelle, 51 ans, employée administrative

Clothilde, ambulancière, voit aussi dans cette initiative une manière d’agir : « On transporte beaucoup de femmes atteintes du cancer du sein. Certaines disent qu’elles n’ont jamais fait de palpation. En tant qu’ambulanciers, on peut être des relais d’information, encourager les jeunes patientes à se faire dépister. »

Des suivis personnalisés et une vigilance accrue

Si le dépistage organisé concerne les femmes sans antécédents, d’autres, comme Claire, 56 ans, bénéficient d’un suivi plus étroit. Employée à la Bibliothèque nationale de France à Paris, elle a perdu sa mère d’un cancer du sein. Début octobre, un des services médicaux de la Ville de Paris l’a appelée pour s’assurer qu’elle suivait bien ses mammographies.
 « Je fais une radio tous les deux ans explique-t-elle. C’est rassurant d’avoir un suivi. »
Dans son établissement, un courrier de sensibilisation, écrit par un médecin, est envoyé chaque année à tout le personnel, rappelant les gestes à adopter et les risques, pour les femmes, comme pour les hommes.

Les professionnels de santé, eux aussi, s’impliquent au quotidien. Maëlys est sage-femme à la maternité privée, Les Diaconesses, à Paris. Elle intègre la prévention du cancer du sein dans le suivi post-accouchement de ses patientes : « La grossesse et l’allaitement modifient le sein. C’est le moment pour sensibiliser les jeunes mamans ». En effet, ils peuvent survenir pendant la grossesse ou dans l’année qui suit l’accouchement : on parle alors de cancer du sein associé. Si la maternité a un effet protecteur à long terme, elle s’accompagne néanmoins d’une hausse transitoire du risque dans les années qui suivent. Les transformations naturelles des seins pendant cette période peuvent aussi masquer une masse ou retarder le diagnostic. Ils deviennent plus denses, plus volumineux. C’est pourquoi toute anomalie persistante, comme une boule, un écoulement ou une modification cutanée, doit pouvoir être consultée rapidement.  

Il suffit parfois d’un mot, d’un geste, d’un rappel pour faire la différence. Les ambulanciers de A13 La Mimétaine l’ont bien compris : Octobre Rose ne dure qu’un mois, mais la vigilance, elle, ne s’arrête jamais. Derrière chaque initiative locale se cache la même promesse : celle de ne plus jamais laisser le silence gagner du terrain.

Bettina Jouan