Mercredi 10 septembre, de 17h30 à 19h30, la faculté de Droit d’Aix-en-Provence a accueilli un colloque sur le thème des viols de Mazan. Cette rencontre était organisée par les associations du Master Justice, Procès et Procédure et d’ELSA Aix-Marseille. Retour sur un événement couronné de succès !
Le colloque débute à 18h par des propos introductifs et le rituel rigoureux de remerciements des organisateurs un brin intimidés. Pour alimenter la discussion, une étudiante au ton lissé, assise à gauche de la chaire, pose des questions aux intervenants. Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot, répond avec pédagogie aux questions des organisateurs, puis du public. Stratégie en tant que partie civile ? Preuve en cas de soumission chimique ? Définition du consentement ? Prescription ? Autant d’ interventions du public qui témoignent de l’enthousiasme des étudiants et d’une demande croissante pour davantage d’échanges réflexifs entre universitaires et praticiens. Un point également soulevé par l’avocat.
“Le risque serait de croire que seule l’introduction du consentement dans la loi suffirait”
Une des questions centrales du colloque porte sur le consentement et la réforme du droit pénal sexuel: faut-il inscrire explicitement l’exigence du consentement dans la loi ? Jusqu’alors réticents, les intervenants concèdent avoir changé d’avis. Pour Maître Babonneau, “ la loi est faite pour les citoyens (…) c’est quelque chose de vivant ”. « Beaucoup de personnes ne comprennent pas pleinement ce qu’elle implique », nuance toutefois l’avocat, désormais ouvert à remettre l’attention sur cette notion. Il précise cependant que l’arsenal répressif actuel reste ce qu’il est et qu’une application complète de la loi constituerait déjà un progrès. Pour Laura Pignatel également, la réforme est nécessaire. Mais pas sans risques ! Selon elle, s’il faut arrêter avec les “Pourquoi vous ne vous êtes pas débattue ?” qui blâme la victime plutôt que de se concentrer sur l’accusé, il faut surtout changer les mentalités. “Le risque serait de croire que seule l’introduction du consentement dans la loi suffirait. (…) Le défi de changer les mentalités est immense ».
“L’espace médiatique ne restitue jamais la complexité brute de cette recherche”
En conclusion du colloque, le doctorant Antoine Baduel est revenu sur la médiatisation de l’affaire. Elle « a entraîné la publication d’une quinzaine d’ouvrages, de centaines d’articles et a mobilisé plus de 165 médias accrédités ». Cette médiatisation intense montre que les affaires judiciaires, après s’être jouées dans les tribunaux, se rejouent aussi dans l’espace public. L’Université joue alors pleinement son rôle. Un prochain rendez-vous est déja fixé, le 14 novembre au sujet de la soumission chimique. La présence de la députée Sandrine Josso, elle même victime, accompagnée de son avocat. Nouvelle file d’attente assurée.
Virginie Schadler