Samedi 20 septembre, le tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence a ouvert ses portes pour les Journées européennes du patrimoine. Derrière ses façades de pierre froide, l’institution a révélé ses salles d’audience, ses couloirs et ses métiers à près de 300 visiteurs. Une immersion rare dans un univers qui fascine autant qu’il intimide.

Le tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence fait-il si peur ? En ce week-end spécial consacré aux Journées européennes du patrimoine, la salle des pas perdus, habituellement traversée en silence par avocats et justiciables, s’est muée en véritable point de ralliement. Les visiteurs patientent par petits groupes impressionnés par les lieux. Toutes les quinze minutes, un juge et une greffière (ou d’autres membres du tribunal) lancent une nouvelle visite. Pendant trois quarts d’heure, ils guident le public entre salles d’audience, tribunal pour enfants et bureaux du personnel judiciaire.

« Je suis venue ici un peu par hasard. Je pensais que c’était un endroit interdit au public », raconte Léa, étudiante en sociologie. « J’aime bien les films et les séries autour de la justice. Ça m’a donné envie de voir des procès. Je pensais que le fonctionnement de la justice était beaucoup plus difficile à comprendre ».

Pierre froide et symboles modernes

Qui dit journées du patrimoine, dit forcément quelques notions d’architecture… Le tribunal, signé de l’architecte Marc Barani, se dresse dans la continuité de la cour d’appel d’Aix, sur l’historique place Verdun. Dans les salles d’audience, une balance moderne attire l’œil. Les guides expliquent la différence entre contraventions et délits, le rôle de chaque magistrat, le déroulé d’une audience… autant de secrets sur lesquels le tribunal lève le rideau. Peu à peu, l’institution se dévoile, moins opaque qu’elle n’y paraît.

Dans la salle d’audience, les bancs alignés et le siège du juge rappellent la solennité des lieux. Mais les explications des guides cassent cette impression. « J’avais assisté à des audiences étant plus jeune mais sinon je ne connais pas ce monde », confie Sophie, conseillère bancaire. « C’est un très beau bâtiment et très moderne. Il est différent de l’image qu’on peut avoir de la justice. C’était une visite très intéressante : on a l’impression de voir les coulisses ».

Les métiers en vitrine

Plus loin dans le hall, une dizaine de stands présentent les professions liées à la justice. L’adjudant Varin, de la brigade de recherche d’Aix-en-Provence, rappelle : « On est là pour mettre en avant des arguments qui pourraient amener des gens à postuler chez nous car on est toujours à la recherche de nouveaux candidats. »

La protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) attire elle aussi les regards. « On intervient principalement avec des jeunes qui ont entre 13 et 21 ans et c’est des adolescents qui sont sous mandat de justice », explique Madame Logia, éducatrice. Sa directrice, Madame Irace, insiste : « Faire découvrir nos missions est important car ce n’est pas simple de recruter. Il y a un peu une perte de vocation dans le social d’une façon générale et on commence à le ressentir ».-

Rendre la justice plus accessible

Parmi les guides du jour, Mireille Crémades, greffière, a accepté de participer à cette journée avec enthousiasme : « J’aime communiquer sur mon métier, sur l’univers de la justice. On sait que la justice n’a pas toujours bonne presse », regrette-t-elle.

Au fil de la visite, une question revient de la part des visiteurs : « Pourquoi si peu de magistrats et de greffiers pour rendre la justice en France ? » Les professionnels n’éludent pas, conscients que cette pénurie nourrit une part du questionnement du grand public. Mais cette journée a rempli l’objectif fixé dans le cadre des Journées du patrimoine : ouvrir, expliquer et démystifier. En repartant, les visiteurs garderont en mémoire un tribunal plus accessible, moins austère, contrairement à leurs a priori avant d’entrer dans les coulisses de la justice.

Marius Linarès