©Clarisse Athimon
Hommage à tous vos échecs en ce mardi 23 novembre ! Le plus beau cadeau que vous pouvez vous offrir dans un mois serait de les analyser, de les partager, de les aimer pour en tirer les meilleures leçons !
Ce qui devait être un micro-trottoir illustré sur l’échec prend finalement la forme d’un édito. En effet, sur une dizaine de personnes interrogées dans la rue, aucune n’a désiré se livrer. Y aurait-il un tabou de l’échec ? À en croire ces réticences, certainement ! Pourtant, l’échec est partout, même dans un micro-trottoir. Je pensais en posant la question qu’au XXIe siècle, à l’heure où l’on partage beaucoup (trop) sur les réseaux sociaux, à l’heure où a été créé le site de la Fédération Française de la Lose, à l’heure où le storytelling s’appuie massivement sur des entrepreneurs ayant échoué à moult reprises (avant de réussir), que tous sans exception me dévoileraient librement leurs échecs. Pourquoi pas, même, fièrement!
Alors, en rentrant bredouille de cette tentative, la deuxième question prévue pour ces interviews s’est posée à moi : quelle est la leçon apprise de cet échec ? Je me suis alors lancée dans un second micro-trottoir en demandant cette fois : Pourquoi les gens cachent leurs échecs ? Est-ce pareil dans toutes les cultures ? Pour Zoé, étudiante en master d’histoire, ce refus de l’échec et la vision très négative qui en découle sont aussi présents en Écosse d’où elle est originaire. Selon elle, l’échec est tabou, car contreproductif dans une société libérale tournée vers l’efficacité. Pour Anthony, ingénieur doctorant, originaire du Liban, l’expérience de l’échec dans son pays d’origine est bien différente : « là bas, ce n’est pas grave d’échouer, les gens que j’ai croisés l’acceptent. L’important est d’en apprendre quelque chose en l’analysant. » Kévin, étudiant en management a constaté aussi qu’aux États-Unis, l’échec n’est pas un état, mais un passage non stigmatisé comme en France.
Mais rassurez-vous, le rejet de l’échec ou sa mauvaise appréciation ne sont pas uniquement culturels ou sociaux, ils sont aussi cognitifs ! C’est ce qu’explique une revue du Harvard Business review : L’art de décider. En prenant l’exemple de la NBA, elle met en avant le biais de résultat en expliquant que les entraîneurs de l’équipe « sont plus susceptibles de réviser leur stratégie après une défaite qu’après une victoire – même si le score est trop serré pour révéler n’importe quoi de l’efficacité de l’équipe ». Ce biais peut donc « amener à maintenir une stratégie contestable après un bon résultat et en modifier ou abandonner une lors d’un mauvais. » Un constat a aussi émergé selon les recherches et attendez-vous au pire : « des comportements identiques suscitent davantage de condamnations morales lorsque les résultats sont mauvais que lorsqu’ils sont bons » et ce, « même si ces résultats sont déterminés par le hasard ».
Dans son ouvrage L’art subtil de s’en foutre, Mark Manson met en avant un autre point, il parle d’une société de l’exceptionnel. Il remarque que dans les médias tout ce qu’on publie doit être extraordinaire pour faire le buzz. Même nos échecs ! Il dénonce donc cette mouvance tout comme Fabrice Midal, auteur de Comment rester sereins quand tout s’effondre. Chacun vit des épreuves et des échecs : le reconnaître, c’est se reconnecter à ce que nous avons de plus humain.
Alors à Noël, offrez-vous entre deux bouchées de bûches vos pires échecs, et surtout n’attendez pas le réveillon pour prendre de grandes bûches. Elles vous feront peut-être grossir. Elles vous feront surtout grandir !