Capteurs, applis, montres connectées, programmes personnalisés… L’intelligence artificielle s’invite peu à peu dans les salles de sport, les piscines et les stades. Elle promet un entraînement plus précis, plus efficace, presque infaillible. Mais derrière l’écran, une question se pose : et si cette technologie finissait par remplacer l’entraîneur humain ?
L’IA continuera de nous faire suer… L’intelligence artificielle a déjà contaminé nos ordinateurs. Désormais, elle s’attaque à nos baskets. Des algorithmes analysent la foulée d’un coureur, la fréquence cardiaque d’un nageur ou la trajectoire d’une balle. Tout semble mesurable. Les grandes marques, Nike, Garmin, Whoop, rivalisent d’innovation. Chacune jure que ses outils d’analyse révolutionnent la préparation et la récupération.
Le principe : collecter, comparer, ajuster. Sommeil, nutrition, stress, récupération… tout est passé au crible. L’IA devient un coach invisible, toujours disponible, qui conseille sans relâche. Elle serait alors la panacée permettant à chaque sportif de performer.
Une utilisation avec des limites
Aussi sophistiquée soit-elle, l’IA ne connaît ni l’intuition ni le ressenti. Elle peut signaler une baisse de performance, recommander du repos ou une meilleure hydratation. Mais elle ignore la peur avant une compétition, la motivation qui revient après un échec. Ces nuances, les algorithmes ne les lisent pas.
Les athlètes professionnels s’en servent comme d’un appui. Dans le cyclisme ou le triathlon, les logiciels de prédiction de performance permettent d’ajuster une séance, d’anticiper une blessure ou de calculer la charge de travail idéale. Mais la décision finale reste humaine. L’entraîneur garde la main, parce qu’il sait que la réussite ne se résume pas à une courbe. Dans ce contexte, le 12 septembre 2025, une IA a pris en charge en direct la stratégie défensive d’une équipe universitaire de football à Austin, au Texas en partageant alors les fonctions avec l’entraîneur principal qui gardait la main sur ses joueurs.
Chez les amateurs, l’usage semble plus libre. Naïf parfois… Beaucoup se tournent vers des applis comme RunAI, Fitbod et même ChatGPT. On entre ses objectifs, son matériel, son temps disponible, et un plan de séances apparaît aussitôt. C’est rapide et surtout rassurant. Mais souvent trop lisse. Les programmes génériques oublient les douleurs, les cycles de fatigue, les imprévus du quotidien.
Les chiffres, uniquement les chiffres
Et puis vient la dépendance. Peu à peu, le sportif fait plus confiance à la montre qu’à ses sensations. On court pour satisfaire une donnée, pas une envie. On cherche la validation d’un graphique plutôt que celle du souffle retrouvé. À force de tout mesurer, un risque persiste. Celui de perdre la part d’instinct qui fait le charme du sport : ce jour « sans » où l’on persévère quand même. Reste que l’IA ouvre un champ immense. Dans le haut niveau, elle affine les tactiques, repère les signaux faibles d’une blessure, ou aide à comprendre un adversaire comme le démontrent de récents tests. Le 6 septembre 2025, les Oakland Ballers (franchise américaine de baseball) sont devenus la première équipe professionnelle à confier la gestion complète d’un match (alignements, changements, combinaisons) à un système d’IA, et les observateurs y ont vu un tournant dans la délégation technologique au sport.
Pour les amateurs, elle structure, motive et peut prévenir la démotivation. Certaines start-up testent même des outils capables d’adapter l’entraînement à l’humeur du jour, en analysant la voix ou le visage. Le futur, sans doute, sera hybride : un mélange d’IA pour les chiffres et d’humain pour le ressenti. Le tout en continuant de suer, avec intelligence…pas seulement artificielle.
Marius Linarès