© S. B.-P. Sarah Ferrand, doctorante (au centre), a mené des recherches sur le parcours de Marguerite Isnard.
La Faculté de droit et de science politique d’Aix-Marseille Université a inauguré lors de la rentrée solennelle la première salle d’audience pédagogique de la Faculté du nom de Marguerite Isnard. Une deuxième verra le jour sur le campus Marseille Canebière.
15 novembre 1900. Marguerite Isnard devient la première femme inscrite à la Faculté de droit d’Aix. 125 ans plus tard, son nom orne désormais la porte d’une salle d’audience pédagogique. « En consultant les registres d’inscription de la Faculté de Droit d’Aix, j’ai retrouvé la trace de Marguerite et de sa sœur Marie-Thérèse, qui suivra les pas de sa cadette en s’inscrivant à son tour durant l’année universitaire 1906-1907 », explique avec passion Sarah Ferrand. C’est ainsi que la jeune doctorante a pu reconstituer le destin des deux sœurs. Filles de négociant, et petites-filles de Sixte Isnard, industriel avignonnais ayant fait fortune au XIXe siècle. « Mes recherches sont parties d’une pure curiosité intellectuelle (…) aujourd’hui, c’est une fierté qui dépassait et qui dépasse toujours mes propres expériences. »
Cette salle, inaugurée par Éric Berton, président de l’université, et Jean-Baptiste Perrier, doyen de la Faculté de droit et de sciences politiques, s’inspire de celle déjà existante à l’université de Montpellier. « Pour les étudiants, ce lieu sera un espace d’expérimentation, stimulant et formateur », se réjouit le doyen. Financé à hauteur de 150 000 euros et lauréat de l’appel à projets Équipement Formation d’AMIDES, cet espace immersif permet aux étudiants de s’entraîner à la plaidoirie, simuler des procès et participer à des mises en situation réalistes. Pouvant accueillir jusqu’à 49 personnes, la salle est équipée d’un système de visioconférence et d’une caméra pour diffuser ses séances sur la chaîne YouTube de l’université. Elle accueillera bientôt des événements tels que les grands oraux du centre régional de formation professionnelle des avocats ainsi qu’un procès fictif. Une deuxième salle est prévue d’ici fin 2025 sur le campus de Marseille.
Des projets ambitieux pour la faculté
La rentrée a également été l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée et d’annoncer plusieurs projets importants : l’ouverture prochaine d’une licence bilingue en droit français et anglo-saxon, le lancement d’un Master « Intelligence artificielle et droit », la création d’un parcours de Master au Maroc en partenariat avec l’Université Internationale de Rabat, ainsi que la future création d’un institut nommé JustiCe, dédié à la recherche sur les relations entre justice et société. Éric Berton a rappelé les défis à venir et l’importance du vivre-ensemble, soulignant le lancement par AMU d’une campagne de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Dans son discours, le doyen Jean-Baptiste Perrier a insisté sur les valeurs fondatrices de la faculté : la transmission et la réussite pour toutes et tous. « À la Faculté de droit et de science politique, l’excellence est accessible à tous nos étudiants, uniquement selon leurs mérites académiques. Elle n’est pas réservée à ceux qui peuvent la payer ». Il a aussi souligné la nature concrète de la formation juridique : « Bien sûr, il faut maîtriser certains fondamentaux, comme savoir lire et comprendre un texte ou une décision, mais comme avant de tenir un bistouri on étudie l’anatomie, avant de plaider on doit comprendre la loi ».
Forte de son engagement militant, Marie-Thérèse Isnard figure parmi les femmes interrogées après la promulgation du décret du 21 avril 1944, qui accorde le droit de vote aux femmes. À cette occasion, elle souligne combien cet acte juridique représente une avancée significative vers l’émancipation complète des femmes. Pour Sarah « cela offre un modèle local pour toutes les femmes qui entreprennent des études de droit, femmes qui y sont aujourd’hui majoritaires ». Le droit – à l’origine objet de leur combat – en est devenu l’arme. Arme que continue de brandir Sarah Ferrand par la révélation de ces destins oubliés.
Virginie Schadler
					