« Solution Riposte », association nationale créée le 14 septembre 2014 propose des cours d’escrime aux femmes touchées par le cancer du sein. Estimée complémentaire à la rééducation effectuée par le kinésithérapeute, ce sport fait ses preuves auprès de 1000 patientes en 2024. La reprise d’activité sportive adaptée apporte une certaine estime de soi. L’activité physique participe à la prévention et permet de solliciter les muscles lésés : « Je trouve qu’au niveau du corps, du développement de la mobilité, c’est tellement agréable », confie Christine Protin, riposteuse à l’Académie d’escrime de Lille. « On met beaucoup de combativité dans ce sport. Lorsqu’on sort du cancer, on a besoin de se reconstruire grâce à ces gestes-là ».

L’association forme des Maîtres d’Armes pour proposer une pratique sportive ajustée et encadrée. Elle assure également le suivi physique régulier de chaque « riposteuse » par une équipe médicale. Les maîtres d’armes entretiennent un lien unique et précieux avec leurs sportives. Il participe à la rééducation sur l’aspect physique, mais également sur le plan moral : « mon maître d’armes est très attentif et persévérant. Il veut vraiment nous aider dans ce que l’on traverse. Il nous permet de nous accrocher et de venir de semaine en semaine ».

 

« L’escrime participe au travail d’estime de soi et de mobilité »

Cette pratique sportive diminue la fatigue engendrée par la chimiothérapie et le cancer. Véritable exutoire, ces femmes retrouvent peu à peu confiance en elles en renouant avec leurs corps, en progressant physiquement, tout en rencontrant d’autres guerrières. L’association propose à ces battantes de retrouver l’envie de bouger, et de pratiquer ensemble une activité physique, jugée essentielle dans les suites d’un cancer du sein : « Cela permet de reprendre une activité sportive, progressive, adaptée, en tenant compte des lésions. L’escrime participe au travail d’estime de soi et de mobilité. Les kinésithérapeutes sont donc les rééducateurs, et prescrivent l’activité sportive adaptée » détaille Franck Dubois, masseur kinésithérapeute et référent du réseau des kinés du sein des Hauts-de-France. 

Cette pathologie est diagnostiquée chez près de 50 000 femmes, chaque année. Peu d’entre elles sont dirigées vers une rééducation efficace et bienfaitrice, alliant la kinésithérapie et l’escrime : « On m’a parlé des bienfaits du sport pour éviter la récidive, mais j’ai vraiment fait mes recherches moi-même. Il y a sans doute plein de femmes qui passent à côté de cette occasion ». Christine se confie sur les réactions à l’annonce de sa participation au projet riposte : « autour de moi, personne ne connaissait. Les personnes que j’ai rencontrées à qui j’ai parlé de ça, semblaient étonnées. C’est moi qui en ai parlé à mes médecins, chirurgiens et oncologues. Ce sujet reste un peu confidentiel », admet Christine Protin. 

 

Une centaine de salles d’armes agrégées

Le programme Solution Riposte est proposé dans près de 100 salles d’armes (alors qu’on compte 760 clubs dans l’Hexagone) en France et quelques antennes ont vu le jour dans d’autres pays comme le Canada, la Suisse, la Belgique ou encore l’Italie. Seuls sont agrégés les clubs signataires de la charte s’engageant à suivre les recommandations du comité scientifique du programme. Les maîtres d’armes qui souhaitent participer doivent suivre une formation d’une semaine avec des professeurs, docteurs et des kinésithérapeutes. Solution Riposte offre à toutes les femmes sortant d’une opération d’un cancer du sein un an de pratique dans un des clubs agrégés.

L’escrime a été choisie pour la rééducation du cancer du sein pour plusieurs raisons. C’est un sport qui reste élégant, ludique et bien que ce soit un « sport de combat » il n’y a en vérité aucun contact. « Lors des séances, la rééducation est ciblée principalement sur le haut du corps, au niveau de la ceinture scapulaire (Ndlr, région de l’épaule et de l’omoplate). Dans l’escrime, il y a trois armes, mais nous utilisons uniquement le sabre. La technique du sabre permet de développer l’amplitude du bras et sollicite beaucoup l’épaule. Avec le sabre, il y a encore moins de contact, on ne touche qu’avec le tranchant et pas avec la pointe » détaille Fréderic Fontanillas, Maître d’Armes à Aix-en-Provence et membre du programme Solution Riposte depuis 2023. Après une mastectomie, les femmes peuvent ressentir des douleurs au bras, à l’épaule, au thorax et au niveau de l’aisselle du côté opéré. « La rééducation par l’escrime est un complément. Après avoir discuté avec les femmes que j’assiste, elles s’aperçoivent qu’avec le travail effectué au niveau de l’épaule et de la cicatrice, les calcifications ont tendance à disparaître plus rapidement ».

« À chaque fin de séances, elles rentrent avec le sourire ! » déclare Frédéric Fontanillas. « Je n’étais plus une femme qui se limitait à sa maladie. Je me suis retrouvée de nouveau comme une sportive, qui a envie de retourner vers la vie et qui a envie de bouger. Ça a été un gain de puissance et de confiance en soi extraordinaire » conclut Christine. Une belle manière de réapprendre à se défendre seule face aux défis de la vie. 

 

Blanche Dubois-Faillie et Maxence Plancher