©Droits Réservés – Jayson Ortiz / Margot Aebischer 

 

Elle se sent comme chez elle. Depuis deux ans, Margot Aebischer a posé ses valises – et sa raquette – sur le sol américain. A 19 ans, la jeune française classée 7.2 au niveau international (équivalent 2/6 en France) suit un double cursus, qui allie études d’ingénierie mécanique et cours de tennis. Immersion au sein d’un quotidien pas anodin.

C’est un projet de longue date. Depuis le collège, précisément. Alors élève dans une petite ville de l’Est de la France, une idée émerge chez Margot : obtenir une bourse aux Etats-Unis, pour allier études et tennis, sa passion de toujours. Après une terminale en section européenne, Margot postule. Le processus est rigoureux : examens d’anglais, étude du dossier scolaire et vidéos de tournoi sportifs sont de rigueur. A la clé, la joueuse peut se faire repérer par des sponsors, et bénéficier d’une prise en charge intégrale pour ses études – indispensable quand on sait qu’une année en double projet coûte 70000 dollars. « Si notre dossier est sélectionné, les sponsors nous mettent sur une plateforme, et les coachs regardent les profils qui les intéressent », détaille la française. Une pratique qui pourrait faire hurler en France, mais qui est pourtant bien banale au pays de l’US Open, où « tout est basé sur l’image […] Les habitants sont très fiers de leur région, et donnent des sommes astronomiques aux écoles pour voir leur équipe gagner ». Grâce à ce financement, les sponsors payent les frais universitaires des étudiants internationaux. « En contrepartie, on est beaucoup pris en photos par les journaux locaux. D’ailleurs, on porte les vêtements aux couleurs de l’école ». Un échange de bons procédés qui a permis à la sportive aguerrie de s’envoler pour Phoenix en septembre 2022.

 

En route vers de nouveaux succès

A l’arrivée, le choc est brutal : avec 45 degrés affichés, les entraînements se déroulent le matin, de six à huit heures « avant d’enchaîner avec notre journée de cours ». Le rythme effréné débute. Tous les week-ends, son équipe de tennis sillonne les Etats-Unis pour affronter d’autres universitaires : « on part en voiture pour le Texas, la Californie ou le Nebraska ». Les tournois se succèdent, obligeant les étudiantes à s’adapter : « on fait nos devoirs dans la voiture », s’amuse Margot. Avec des cours de maths, d’ingénierie et d’histoire, la cadence est intense, puisqu’elle se rapproche d’un rythme de classe préparatoire en France. En plus d’exceller avec une raquette, la tête doit suivre. Et vite.

Après un été en France, Margot signe pour une nouvelle année. Son cursus ayant fermé en Arizona, la jeune sportive atterrit à Pueblo, petite ville du Colorado. Les rituels reprennent. Tous les jours, Margot va taper la balle, sous les yeux intransigeants de son coach américain. Si la saison passée s’est brillamment concrétisée par une huitième place sur 55 aux Championnats Nationaux, l’équipe a changé de catégorie, où la compétition s’est accrue. « L’année dernière, on était en Division 1 Junior College [deux premières années universitaires]. Là, on arrive en D2 University [niveau supérieur], où le niveau est plus homogène ». Mais rien n’arrête cette compétitrice née, qui fonctionne « à la pression », et vit pour la compétition. Gérer le mental ? Elle adore ça. « Si on perd en plein match, le coach vient nous voir et nous dit si tu ne gagnes pas, l’année prochaine tu n’auras plus de bourse. Il faut se remobiliser ». Un état d’esprit de sportif, en somme.

Après l’obtention de son diplôme d’ingénieur, la jeune joueuse souhaite s’installer aux Etats-Unis, où « le climat est moins anxiogène ». Et qu’en est-il du tennis, dans l’équation ? Consciente que les professionnels arrêtent l’école dès treize ans, pour se consacrer à leur sport, Margot a choisi ses priorités : « J’irai jouer de temps en temps, mais pas à ce niveau, c’est trop intensif ». Le choix est fait, et son avenir semble tracé. Mais pour l’heure, Margot souhaite encore taper la balle jaune. Sa fidèle alliée.

Hortense Stock