Depuis environ trois semaines, les étudiants, comme le reste de la population, sont confinés. Une expérience vécue différemment selon les profils. Entre ceux qui poursuivent leur formation en présentiel, ceux qui ont retrouvé le domicile parental ou ceux partis entre amis, le ressenti varie grandement.
Début septembre, 2,8 millions d’étudiants étaient inscrits dans l’enseignement supérieur, soit près de 4% de la population française. Deux mois plus tard, la grande majorité d’entre eux suit des cours en ligne quotidiennement. Le risque de décrochage demeure réel pour les moins assidus. Les relations sociales deviennent rares. Bref, le temps passe lentement pour une partie des 80% d’étudiants dont la formation se déroule à distance.
Heureusement, certains échappent à cette triste routine. Les élèves inscrits en classe préparatoire continuent de suivre un enseignement en présentiel. Tout comme une poignée d’étudiants dont les travaux pratiques ont lieu à l’université. C’est le cas de Romain Enjaume et de Victor Caurette, respectivement en deuxième année d’études pharmaceutiques et en Master d’informatique. Romain semble content « d’aller à l’université trois fois par semaine » même s’il relève un paradoxe : « pour les TP de chimie organique, nous sommes 40 par salle alors qu’à côté on nous interdit tout ». La vie associative est en effet inexistante et les facultés paraissent bien tristes. Victor, qui s’est installé à Chambéry cette année pour suivre son master nous fait part de sa frustration : « avec le maintien des cours en présentiel, je suis obligé de me confiner dans mon studio de 12 mètres carré ». Il serait bien rentré chez lui, auprès de sa famille, mais il n’a pas d’autre choix que de rester seul, dans une ville qu’il ne connaît que très peu. A l’image de Victor, l’isolement reste la principale contrainte du confinement pour les jeunes adultes.
Pour éviter cet isolement, certains étudiants partent se confiner entre amis. Dans ce cas-là, la quarantaine ne semble pas une épreuve insurmontable. Pour Hugo de Linares, étudiant en école de commerce, elle « ressemble à des vacances ». Dans le sud de la France avec six autres amis, il a « presque envie que le confinement se prolonge ». Conscient d’être privilégié, il profite du cadre de vie procurée par sa résidence secondaire familiale. Bien évidemment, cette situation est extraordinaire et le confinement offre rarement de telles opportunités.
Certains jeunes, qui viennent de quitter le statut d’étudiant, peinent à s’installer sur le marché du travail. Les moins diplômés servent de variables d’ajustement aux fluctuations économiques. Bilal Bennacer, qui travaillait à l’aéroport de Roissy après un IUT en GEA (gestion des entreprises et des administrations), ne se trouve pas exactement dans cette situation. Mais la crise sanitaire lui a retiré son emploi avec la fermeture de l’aéroport. Privé de revenus, il n’a pas pu payer son loyer. Il a dû quitter son appartement alors qu’il avait emménagé seulement quelque mois auparavant. Revenu chez ses parents, il vit cette situation comme « un véritable retour en arrière » et il « hésite à se réinscrire à l’université en septembre prochain ». En attendant, il n’a pas d’autre choix que de rester passif. Le confinement favorise la précarité chez les jeunes, en particulier pour les étudiants qui s’en remettent à la solidarité pour la combattre. C’était le cas à l’université d’Aix-Marseille ce mercredi 18 novembre où une distribution de colis alimentaires était organisée. Une belle initiative pour aider à traverser cette période, différente selon les situations des uns et des autres, mais compliquée pour presque tout le monde.
Raphael Hazan