A l’heure Covid, les mariages ne sont plus d’actualité. Depuis un an, les cérémonies en comité restreint dans les mairies ont remplacé les foules familiales et les groupes d’amis venus applaudir la nouvelle union. A l’image de Steve et Élodie, nombre de couples ont dû décaler, repenser ou même annuler leur mariage.
Remontons le temps, à une époque où le Covid n’avait pas encore bouleversé nos quotidiens. Janvier 2019. « Steve m’avait invitée au restaurant. C’est là qu’il m’a fait sa demande, dans un cadre très romantique et intimiste décoré spécialement par l’équipe de serveurs », se souvient Élodie. Ce couple de trentenaires se connait depuis le lycée. « On a eu un enfant en 2018, Léo. Alors le mariage c’était un peu une évidence pour moi, mais surtout l’occasion de faire la fête en rassemblant tous nos proches », raconte le jeune papa. Rapidement, le couple se plonge dans les préparatifs : le traiteur, les équipements sonores, les tenues de mariés, la décoration et les faire-parts… « On a commencé par fixer la date du mariage au 25 juillet 2020. Ça nous permettait d’avoir une cohérence dans tous les devis et les démarches qu’on entreprenait ».
Premiers essayages de robes de mariées et premières dégustations avec les traiteurs : tout est lancé au début de l’année 2019. Durant un an, les préparatifs avancent à grands pas. Le jeune couple est confiant et impatient. Steve et Élodie vont portant être stoppés net dans l’avancée de leur projet. Petit à petit, la pandémie venue tout droit de Chine se propage à l’ensemble de la planète. La France détecte ses premiers cas fin janvier 2020. Les quotidiens du monde entier se trouvent chamboulés et des restrictions inédites s’imposent alors à tous. « Comme beaucoup de monde, on pensait, on espérait que, rapidement, la situation s’améliorerait. Naïvement, on y a cru en tout cas. Alors, le 20 avril 2020, nous avons simplement pris la décision de décaler le mariage d’un an, au 31 juillet 2021 », confie Élodie. La décision de reporter le mariage dans le temps permet au couple de conserver ses prestataires. Ainsi, les frais déjà engagés ne sont pas perdus. Ils doivent procéder à quelques ajustements, comme faire appel à deux traiteurs différents pour le jour-J et pour le lendemain du mariage. Une nouvelle fois, tout avance progressivement mais sûrement. Au même rythme que la pandémie de Covid-19… « La situation ne s’améliorant pas, le 24 février 2021, nous avons annoncé à tous nos invités que nous annulions le mariage, sans le reporter cette fois ». La décision n’est pas facile à prendre pour Steve et Élodie. Dans l’incertitude de l’avenir, le couple ne peut pas continuer à avancer les frais, sans avoir l’assurance de la concrétisation de leur projet.
Jusqu’à présent, les sommes d’argent investies par Steve et Élodie sont colossales. Souvent, le coût du mariage est en partie amorti par les cadeaux et les chèques reçus lors de la célébration. Alors, dans impossibilité de pouvoir organiser l’événement rassemblant presqu’une centaine d’invités, le couple a perdu quelques milliers d’euros. Un tel montant correspond aux faire-parts d’origine et ceux du décalage « n’ayant servi à rien », les acomptes versés aux différents prestataires, à la décoration, aux vêtements… « Mes parents avaient payé la moitié de ma robe de mariée. Aujourd’hui, le magasin ne veut pas nous rembourser alors qu’elle n’a jamais été finie et que je ne l’ai jamais récupérée », déplore Élodie. Steve est tout aussi attristé par la situation. « Tous nos prestataires de services nous ont abandonnés mais on est encore dans les négociations avec certains, pour essayer d’obtenir des remboursements. Le traiteur qui s’occupait du lendemain du mariage a mis la clef sous la porte. Lui, c’est sûr, il ne nous remboursera pas l’acompte. Celui du jour-J ne veut pas non plus. Même si, évidemment, la nourriture n’avait pas encore été achetée. Il en est de même pour l’entreprise de location des barnums ». En essayant de relativiser, Élodie rajoute : « heureusement, la réception avait lieu chez mes parents. Nous n’avions pas de frais de location pour une salle. Nous nous occupions aussi de toute l’organisation nous-mêmes, sans faire appel à un wedding planner ». Peiné par tant de désillusions, le couple se rend à l’évidence. « Nous préférons ne pas nous marier tout de suite plutôt que de devoir le faire dans de telles conditions. Pour nous, le mariage devait être une véritable fête, entourés de toute notre famille et nos amis. Il est impensable de tous se retrouver pour finalement devoir respecter les règles sanitaires et les gestes barrières ». Steve conclut : « Le mariage était aussi un prétexte pour rassembler tout le monde, tous nos proches, dans un grand moment de convivialité ». Face à toutes ces déceptions, le jeune couple n’a plus le cœur à la fête
Lara Dubois