Loyers, frais d’inscription, transports… le budget consacré aux repas diminue et l’alimentation des étudiants devient un vrai défi . Bien manger reste‑t‑il possible ?

 

Un étudiant sur deux saute régulièrement un repas, faute de moyens. L’enquête de l’Observatoire de la vie étudiante en 2023, pointe du doigt un fait en constante augmentation. « Avec le loyer et les factures, il ne me reste que 100 euros par mois pour me nourrir. Je dois sans cesse arbitrer entre la qualité et le prix, choisir entre de bons produits et des options moins chères », confie Alice, 21 ans, étudiante en Master 1 de droit à Toulouse. 

La faim, comme les prix continue d’augmenter : en un an, le panier moyen a progressé de près de 12 % selon l’Insee en 2023. Concrètement, un étudiant qui dépensait 40 euros en 2022 pour remplir son caddie doit aujourd’hui prévoir plus de 50 euros pour les mêmes produits. Une statistique qui coupe clairement l’appétit.

Des solutions collectives

Face à cette précarité alimentaire croissante, des initiatives se multiplient. Les restos universitaire du CROUS, qui proposent des repas complets à 1 euro pour les étudiants boursiers. Des associations comme Les Restos du Cœur Étudiants distribuent également des paniers alimentaires gratuits ou à prix réduits.
Si les initiatives locales apportent un nouvel élan, beaucoup estiment que l’État devrait aller plus loin. Des associations étudiantes et syndicats réclament une allocation alimentaire étudiante et la généralisation du repas à 1 euro pour tous.   Le 23 janvier 2025, les députés ont adopté en première lecture une proposition de loi visant à généraliser ce dispositif, jusqu’ici réservé aux boursiers et aux jeunes en situation de précarité. Mais son avenir reste incertain : le texte doit encore passer par le Sénat, où les réticences persistent. Le financement, évalué à 90 millions d’euros par an, interroge également le gouvernement, qui craint une fragilisation des recettes des CROUS.


Les étudiants se tournent aussi vers les applications de lutte contre le gaspillage alimentaire. C’est le cas de Too Good To Go, qui permet d’acheter à prix réduit les invendus de boulangeries, supermarchés ou restaurants. « Je varie les enseignes : parfois des boulangeries, parfois des supermarchés ou même des restaurants. Ça me permet d’avoir un panier plus équilibré, avec à la fois des fruits, des légumes et des produits frais », explique Délio, étudiant en Droit et Journalisme à Aix-en-Provence. Pour lui, la clé est de composer ses repas à partir de ce qu’il récupère. « Un soir, je peux cuisiner une salade avec des légumes d’un supermarché, le lendemain faire un gratin avec ce que j’ai trouvé dans une enseigne bio. Et quand je tombe sur du pain ou des viennoiseries, je complète avec ce que j’ai déjà chez moi. »
Résultat : une alimentation variée, un budget maîtrisé et le sentiment de lutter contre le gaspillage alimentaire.

Bien manger, une question de santé

Au-delà de l’aspect financier, la qualité de l’alimentation reste un enjeu de santé. « On voit rapidement les effets d’une alimentation déséquilibrée », alerte le Dr Hugo Bersat. « À court terme, cela se traduit souvent par de la fatigue, une baisse de concentration en cours et une plus grande vulnérabilité aux infections », affirme-t-il. Mais les effets ne s’arrêtent pas là : « sur le long terme, un régime trop riche en produits transformés et trop pauvre en nutriments essentiels peut favoriser le surpoids, le diabète de type 2 ou encore des troubles cardiovasculaires. »

Prendre le temps de mieux s’alimenter reste donc un défi pour beaucoup d’étudiants et, en l’occurrence, le temps c’est aussi de l’argent.

Emma Peres