Quelques jours avant l’annonce du Président de la République de reconfiner le pays entier, le Premier Ministre Jean Castex était à Marseille. L’objectif, faire un état des lieux de la deuxième ville de France à l’aube de nouvelles mesures prises pour la santé, mais au détriment de l’économie. Si le Coronavirus avait la part belle dans les échanges entre les élus et le chef du gouvernement, une demande de « rééquilibrage » entre la mairie et les instances régionales et locales a été âprement discutée.
« Marseille doit être une priorité ». La formule Trumpiste pourrait sembler très conservatrice si elle n’était pas prononcée par la maire écologiste de la ville de Marseille Michèle Rubirola. Issue d’un communiqué de presse, cette petite phrase vient rouvrir le débat sur un rééquilibrage des compétences territoriales réparties entre la ville, le département, la Métropole et la Région.
L’enjeu est tout d’abord politique. En compagnie de l’ancien socialiste Benoît Payan, qui cristallisait les tensions avec les écologistes et les Insoumis pour être le chef de file du mouvement, Michèle Rubirola a mis fin à une gouvernance de 25 ans de la droite républicaine. Malgré sa victoire contre Martine Vassal (LR), cette dernière a tout de même été réélue à la tête de la Métropole, tout en poursuivant sa présidence du Département. Il en va de même pour Renaud Muselier, élu en compagnie de Christian Estrosi à la tête de la Région Sud en 2015.
La Maire de Marseille se trouve donc bien esseulée dans une ville les comptes demeurent dans le rouge, et les principaux acteurs locaux sont d’opposition.
La venue du Premier Ministre à Marseille était donc l’occasion pour Michèle Rubirola d’en appeler à l’Etat pour donner un coup de pouce à la Ville, en rééquilibrant les pouvoirs.
Affirmant que « l’héritage de 25 années de gestion hasardeuse la laisse sans les marges de manœuvre nécessaires pour investir pour l’avenir de la ville », l’édile évoque une « difficulté supplémentaire au développement nécessaire de Marseille ».
« Ceux qui ont gravement échoué hier à la tête de la mairie continuent, contre le choix du peuple marseillais, à orienter le destin de toute une ville », argue-t-elle.
En outre, la maire Phocéenne « regrette que (les) outils d’aménagement du territoire en matière de logement ou de transports publics soient des compétences métropolitaines », inhérentes à Martine Vassal et sa majorité locale.
Pas avare d’efforts, Michèle Rubirola porte aussi une estafilade à la connivence Région-Etat : ils signent un plan de relance commun, inauguré à l’occasion de la même visite du Premier Ministre dans la capitale régionale, « alors que la Ville de Marseille n’y a pas été associée. Au sein de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille doit être une priorité. Il n’est plus tolérable de travailler de cette manière », conclut le communiqué.
Jean Castex confirmait à l’issue de son entretien avec la maire de Marseille avoir parlé des problématiques municipales. « Je lui ai répété mon souhait que l’Etat travaille avec la Ville et l’ensemble des acteurs locaux sur des sujets structurants ».
Avec la promesse de revenir pour traiter de ces sujets.
Léo Khozian