Plus que quelques heures avant que les restaurants et bars des Bouches-du-Rhone ferment leur porte. Les étudiants de première année sont partis à la rencontre des Aixois pour recueillir leurs réactions face à la nouvelle. Entre colère, déception et compréhension, tous avaient leurs mots à dire.
Laurent, 48 ans, agent de médiation, Aix-en-Provence.
« C’est n’importe quoi ! Il faut laisser les gens qui travaillent tranquilles ! J’ai un ami qui a un bar sur l’avenue Henri Pontier, je vais y boire tous les jours le café. Je trouve honteux qu’il soit obligé de fermer, sachant qu’il a un loyer à payer, le pauvre. »
Karine, 40 ans, préparatrice en pharmacie, Aix-en-Provence
« La pharmacie est à coté de la fac, les cours en amphithéâtres vont sûrement être en distanciels, alors comment on est supposé survire ? On se sent seuls, les petits cafés et restaurants autours de la fac vont fermer alors il y aura forcément moins de clients pour nous. Les étudiants représentent plus de 80% de notre clientèle. Je ne sors plus dans les restaurants et bars depuis l’arrivée du Covid-19, si je tombe malade qui viendra ouvrir la pharmacie ? Cette décision est inquiétante socialement et culturellement pour les jeunes. Plus de fêtes, plus de câlins, autrefois il y avait le SIDA, maintenant cette pandémie, les répercussions psychologiques vont être conséquentes. »
Bernard, 60 ans, informaticien, Aix-en-Provence
« Je suis contre cette fermeture, parce que les restaurants et les bars respectent les principes de distanciation sociale, et la distribution de gel hydro-alcoolique. De plus, ça va créer du chômage pour le personnel. »
Antoine, 22 ans, étudiant en Master 2 de droit des affaires, Aix-en-Provence
« Les mesures me paraissent assez contradictoires. Ne serait-ce que quand on vient prendre un café à la cafétéria, le sucre et les touillettes ne sont pas en libre service parce qu’il ne faut pas que tout le monde les touche… Mais ceux qui te donnent la tasse de café ne sont pas protégés par des gants. C’est une décision plus symbolique que réellement utile. »
Anaïs, 20 ans, étudiante, Aix-en-Provence
« Je suis dégoûtée. C’est ma première année à Aix, et je ne connais pas grand-monde. Sans les bars ça va être vraiment compliqué de se faire des amis. Je pense surtout que le gouvernement se trompe de cible, ce sont les personnes âgées qui sont à risque, pas les étudiants. Il faudrait prendre de mesures pour cette part de la population, sans handicaper notre génération. »
Denis, 62 ans, agent d’accueil, Aix-en-Provence
« Mon frère doit fermer ce soir à Venelles le café de la gare. A Pertuis c’est ouvert alors qu’ils font partie de la Métropole. Encore deux semaines à tenir alors que l’activité venait juste de reprendre ! Et ce n’est pas que mon frère qui va être touché. C’est une décision terrible. On remercie les touristes de cet été ! A ce moment là il fallait faire entrer l’argent et tout le monde était content ! »
Léa, 20 ans, étudiante à la faculté de droit, Aix-en-Provence
« Un ami m’a envoyé un message hier me disant qu’il était dégoûté. Il devait commencer une alternance en tant que serveur au restaurant les Coquillages du Roy René. Il n’a plus de travail … ni de cours. Il a dû rentrer chez ses parents faute de pouvoir payer son loyer. Les restaurateurs ont besoin des étudiants pour vivre, alors que les étudiants continueront de se retrouver chez eux. J’habite dans un neuf mètres carré, mon seul plaisir c’était d’aller manger en ville le soir, avec une copine. »
Ilirian, 22 ans, étudiant en Master de siences humaines, Aix en Provence
« Personnellement au vu du travail que j’ai à faire cette année, ça ne me dérange pas que les bars ferment seulement pendant 15 jours. Après, s’ils restent fermés pendant 4 ans, bien sûr que cela va me déranger.. Les rares fois où je suis allé dans un bar depuis la rentrée, j’ai pu remarquer que les gestes barrières n’étaient pas respectés, donc je comprends la décision du gouvernement. »