Déjà fortement impacté lors du premier confinement et la fin précoce de tous les championnats de l’Hexagone, le football amateur connait un nouveau coup d’arrêt. Alors que l’État a autorisé la poursuite des championnats régis par la Ligue de Football Professionnel, la Fédération Française, elle, n’a pas pu la garantir aux structures amateurs et semi-pro. Une décision qui provoque de la déception au regard des efforts déjà produits par les différents acteurs.
Du premier confinement, Benjamin garde un souvenir amer. Alors au centre de formation du SC Bastia, où il évolue régulièrement avec les U19 Nationaux, l’arrêt des championnats au mois de mars et la décision de ne pas mener la saison à son terme pendant l’été sonnent comme un coup de grâce. « J’étais à Bastia pour faire mes preuves et réaliser une bonne saison avec les jeunes après avoir quitté l’OM ». Avec une équipe fanion qui évolue en National 1 (troisième division) et après une saison tronquée, le club corse, comme beaucoup d’autres dans le pays, a dû faire des choix. Dans un contexte économique compliqué, Benjamin, blessé en février, n’est pas retenu par les Bastiais pour continuer l’aventure. « Lorsque l’on poursuit le rêve d’être footballeur professionnel, c’est un énorme coup d’arrêt dont on ne se relève pas facilement ». Touché, le jeune homme de 19 ans rentre dans sa ville natale, Marseille, et commence à prospecter. Conservant une bonne réputation chez lui, il réalise plusieurs essais dans de bons clubs de la région, mais les séquelles de la pandémie demeurent. « J’étais encore affecté et j’ai préféré choisir un projet proche de chez moi, retrouver un ami et me retaper une petite saison à un niveau un peu plus modeste et voir ce qui pouvait se passer ». La reprise au SMUC, en 6ème division, s’est donc déroulée dans l’ambiance pesante imposée par les nouvelles règles sanitaires. Masque obligatoire en arrivant aux matches et sur le banc des remplaçants, ainsi que dès le coup de sifflet final. Pas de serrage de mains entre les équipes. Pas de vestiaire pour se changer. « Des mesures appliquées à la lettre par tout le monde, parce que personne ne voulait d’un nouveau coup d’arrêt et nous étions prêts à nous plier à tout ».
Pour autant, toutes ces mesures n’ont pas empêché l’inévitable reconfinement, annoncé par le président de la République mercredi 28 octobre. Si le gouvernement a assuré cette fois que les sports professionnels disposaient de dérogations pour poursuivre leurs entraînements et compétitions, il n’en est rien pour les amateurs. « Pourquoi ? Pour des droits TV ? L’argent passe donc au dessus des normes de sécurité ? C’est tout bonnement ridicule », peste le défenseur. À court physiquement lors de la reprise, le jeune homme de 19 ans était angoissé par un nouveau confinement, et la potentielle perte de tout le bénéfice de ses entraînements. « Je faisais un bon petit début de saison, je me sentais bien et je commençais à reprendre un bon rythme en match, ça va tout casser », regrette-t-il. S’ils ont été pris au dépourvu, les clubs essaient de s’organiser au mieux avec leurs effectifs. « Jeudi soir à la fin de l’entraînement, nous nous sommes réunis avec les coaches pour parler. Ils vont nous envoyer un programme afin que l’on ne fasse pas que courir, que l’on puisse alterner travail de la puissance et de l’endurance et garder le rythme », confie Benjamin, toujours amer. « C’est vraiment dommage car la saison dernière a déjà été plombée par le Covid-19 et là nous avons tout juste eu le temps de faire une dizaine de matches avant d’être arrêtés. J’espère que les compétitions pourront être menées à leur terme lorsque tout ira mieux ».
Léo Khozian