Fermés lors du premier confinement, les refuges pour animaux ont retrouvé toute leur activité et plus encore. Contrairement aux appréhensions des professionnels, la crise sanitaire n’a pas fait chuter le nombre d’adoptions de ces compagnons à quatre pattes. Rencontre avec une famille qui a accueilli son premier animal de compagnie à la suite du confinement.

« Les enfants voulaient un animal depuis longtemps mais le confinement a presque mis en évidence ce besoin ». Habitant une maison avec un grand jardin, Marina, Stéphane et leurs deux enfants ont donc choisi d’adopter un chien après les semaines d’enfermement dues à la pandémie. Sur l’insistance de Mathis et Jade, les parents se sont donc renseignés par internet sur des associations aux alentours. Ils ne souhaitaient pas une race particulière, le choix s’est fait sur la rencontre, comme l’explique Stéphane.  « On s’est rendu au refuge de la SPA le plus proche sur rendez-vous et le coup de cœur a été immédiat ». En effet, contexte sanitaire oblige, les refuges ont dû, eux aussi, mettre en place des dispositifs particuliers pour poursuivre leurs missions. A travers la France, les initiatives originales se sont multipliées pour réinventer la manière d’accueillir un animal. En temps normal, les personnes voulant adopter peuvent se rendre directement au refuge. A présent, les modalités sont différentes. « Une fois assurés de notre motivation et des conditions d’accueil de notre futur chien, les membres du refuge ont proposé de nous envoyer plusieurs vidéos des animaux qu’ils avaient en ce moment », détaille Marina. La petite Jade, 6 ans, se rappelle de ses premières impressions : « les gros chiens me faisaient un peu peur, alors on a regardé des plus petits ». Finalement, le dévolu s’est porté sur un Jack Russel noir et blanc. « Quand on l’a vu en vrai, il était tout content, il sautait partout. Aujourd’hui, c’est génial de pouvoir jouer avec lui dans le jardin », se réjouit Mathis, 8 ans. Le nouvel habitant de la maison a été nommé Djack, tout simplement.

Initialement fermés lors des confinements, les refuges n’ont jamais réellement cessé de travailler. Ils doivent sans cesse équilibrer les entrées et les sorties de leurs animaux, mais les adoptions ne pouvaient pas avoir lieu pendant de la période de fermeture. Dans le même temps, des animaux se retrouvaient abandonnés par leurs maitres. Néanmoins, la SPA note qu’il y a eu moins d’abandons en 2020 qu’en 2019. Comme le précise Jacques-Charles Fombonne, président de l’association, « les Français sont moins partis en vacances, et moins loin. Ils ont donc été moins encombrés par leurs animaux ». A cela s’ajoutent les périodes d’enfermement et de restrictions, pendant lesquelles les gens ont ressenti le besoin d’une compagnie, d’un réconfort, d’une présence. Tous ces facteurs expliquent l’engouement pour les adoptions d’animaux. Toutefois, les associations de protection s’inquiètent des répercussions de ce phénomène. Les adoptions faites « sur un coup de tête », ou pour de « mauvaises raisons » pourraient conduire à une explosion des abandons dans les mois à venir. Les associations sont d’autant plus vigilantes, comme l’explique le couple de trentenaire. « Avant d’accueillir Djack, les membres du refuge ont pris le temps de s’intéresser à notre projet d’adoption, nos motivations, nos conditions de vie. Ils s’assuraient qu’il ne s’agisse pas d’un caprice, qui finirait par mener à l’abandon ou d’un prétexte pour contourner le confinement ».

Lara Dubois

 

« Un animal on le respecte : ce n’est pas un jouet »

Pour les refuges des animaux, la crainte était double en ces périodes de confinement. Voir les abandons grimper en flèche car les maitres ne pouvaient plus s’occuper d’eux ; ou constater l’impossibilité de nouvelles adoptions à cause des contraintes sanitaires. En 2020, la SPA a enregistré 37 667 adoptions, avec un taux de retour de 3,8%, l’un des plus bas historiquement. La hausse des adoptions ne doit toutefois pas cacher la réalité des abandons. Chaque année, entre 80 000 et 100 000 animaux de compagnie sont délaissés par leur maitre. La SPA a noté une hausse de 16% des « nouveaux animaux de compagnie » (lapins, furets, cochons d’Inde, chinchillas, serpents) abandonnés. Les associations mettent en garde sur les achats impulsifs et les gens qui « seraient prêts à adopter pour trouver une excuse pour sortir ». Comme le rappelle le président de la SPA : « Un animal, on le respecte. Ce n’est pas un jouet. On en est responsable. À ce titre, on ne l’abandonne pas ». Rappelons que l’abandon d’un animal est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.