Portrait de la candidate Front National aux élections régionales de décembre.

 À 25 ans seulement (elle fêtera ses 26 entre les deux tours des régionales), Marion Maréchal-Le Pen brigue la présidence de la région PACA. Région dans laquelle elle a été non seulement parachutée (elle est née dans les Yvelines et à grandi en Île-de-France), mais également pour laquelle elle ne pensait pas être candidate il y a encore quelques mois. Son grand-père et fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, envisageait en effet de se présenter. Marion Maréchal-Le Pen elle-même avait déclaré ne pas vouloir concourir si le président d’honneur du FN le faisait.

Mais après les déclarations (une nouvelle fois) tapageuses sur les chambres à gaz de ce dernier, c’est finalement sa petite-fille qui lui a été préférée par le comité d’investiture du parti.

Malgré son jeune âge, la nièce de Marine Le Pen a le cuir épais. Et il lui faudra le garder.

Jacques Bompard, député-maire d’Orange et président de la Ligue du Sud (extrême droite), a annoncé cette semaine qu’il allait mener une liste dissidente à celle du FN, très certainement composée de proches de Jean-Marie Le Pen. Cette décision, qui pourrait donc faire perdre au FN la partie des voix que représente la frange historique du parti, découle du grand barouf familial qui s’est déroulé cet été entre Marine Le Pen, actuelle présidente du FN, et son père, Jean-Marie. Une fracture s’est créée dans le parti, entre les historiques d’un côté, et les « dédiaboliseurs » de l’autre.

Additionnées à la violence classique d’une campagne électorale (que Christian Estrosi qualifie de « dangereuse »), ces situations pourraient être compliquées. Mais la jeune frontiste semble prête à tout pour avancer.

UNE LE PEN, MAIS LAQUELLE ?

Élue lors des législatives de juin 2012 dans la 3ème circonscription du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen est devenue à l’âge de 22 ans la plus jeune députée de l’histoire de la République. C’est d’ailleurs après son élection qu’elle a décidé d’arrêter ses études : elle est (pour l’instant ?) titulaire d’un Master 1 de droit public de l’université Panthéon-Assas.

Il est certain que chez les Le Pen, la politique occupe une place particulièrement importante. Encartée au Front dès 18 ans et présente dans la foulée sur une liste FN aux municipales de 2008 à Saint-Cloud (92, la benjamine de l’Assemblée a également figuré en deuxième position sur la liste des Yvelines lors des élections régionales de 2010. Elle semble donc déjà rôdée au jeu électoral.

La candidate d’extrême-droite (même si elle réfute ce terme), suit pour l’instant le choix tactique de son parti : faire de ces régionales des élections à portée nationale. En effet, depuis le début de la campagne, Marion Le Pen multiplie les discours sur l’immigration, la sécurité et l’Europe.

Idéologiquement, elle se trouve plus sur la ligne ultra-libérale de Jean-Marie Le Pen, que sur celle de Florian Philippot, l’actuel numéro deux du parti, étatiste revendiqué. Elle a déclaré que la Région se devait d’être un élément « facilitateur » et un « partenaire » plutôt que de se substituer aux acteurs économiques et au marché. Marion-Maréchal Le Pen pratique d’ailleurs l’ouverture : deux transfuges des Républicains, Olivier Bettati et Franck Allisio, l’ont récemment rejointe. Signe, selon elle, du malaise grandissant au sein du parti présidé par Nicolas Sarkozy.

Reste désormais à savoir si elle parviendra confirmer les récents score de son parti en PACA : 33,21% aux européennes et environ 30% aux départementales… Réponse les 6 et 13 décembre prochains.

Xavier Ponroy