Edwy plenel, directeur du site web d’information et d’opinion Médiapart s’est déplacé vendredi dernier à l’IEP d’Aix-en-Provence pour tenir une conférence sur l’Islam et l’importance du vivre ensemble. Ambiance.
“Le 7 janvier dernier, le journalisme, la liberté d’expression et la démocratie toute entière ont été attaqués”. Les premiers mots sont graves, solennels et raisonnent étrangement dans l’amphithéâtre Bruno Etienne bondé de Science-Po.
Depuis plus d’un mois, Edwy Plenel se rend d’écoles en écoles pour débattre de l’importance des libertés dans une société démocratique.
Et malgré les blessures profondes causées par les récents attentats contre Charlie Hebdo et la prise d’otage de l’Hypercasher de la porte de Vincennes, l’ancien patron du Monde veut être optimiste. La première partie de son intervention, d’une quarantaine de minutes, est donc réservée à l’éloge de la France.
Reprenant Mandela, il compare l’Hexagone à cette “rainbow nation” (nation arc-en-ciel), fondée sur le multiculturalisme et la pluralité des confessions religieuses. Le journaliste appelle les étudiants présents à réfléchir sur la suite à donner aux événements. “ Notre force porte le visage des victimes des attentats, parmi lesquels des juifs, des francs-maçons, des athées (…). Nous nous trouvons dans une période de transition majeure, celle entre la fin du vieux monde xénophobe, raciste et fanatique et la naissance du nouveau. “
Mais le principal thème abordé par le fondateur de Médiapart aura bien été l’Islam et le danger des amalgames potentiels liés aux événements tragiques de janvier. Selon lui, une partie des médias se trompe à ne parler que des trois individus qui ont voulu “ mettre la République à genoux”. Avant de mettre en avant, parmi les victimes, Mustapha Ourrad, correcteur à Charlie Hebdo et donc gardien de l’écriture française, Ahmed Merabet, gardien de la paix, et Lassana Bathily, sauveur lors de la prise d’otage de l’hypercasher. Tous de confession musulmane.
“Il faut refuser les amalgames. Refuser d’admettre l’individualité des musulmans.” Et s’il se veut optimisme sur l’ensemble du discours, Edwy Plenel prévient son auditoire. La France est une société ouverte qui “sera à nouveau mise à l’épreuve”. Selon lui, la seule solution possible est donc de “libérer l’énergie vitale du peuple lui même, débloquer la France multiculturelle, et arrêter de faire la guerre à une partie de son peuple “(les musulmans).
Applaudi chaleureusement par l’amphithéâtre, le journaliste s’est ensuite prêté au jeu des questions/ réponses avec son auditoire composé aussi bien d’étudiants que de personnes extérieures à l’IEP. Un échange privilégié avec la jeunesse aixoise au cours duquel il a réaffirmé son message antiraciste et humaniste. Une dernière prise de parole qu’il conclut par ces mots, en parlant de la communauté musulmane: “il faut arrêter de penser moi et eux, eux et nous, mais bel et bien nous, nous, nous… “
Pierre Laurent Lemur