Considérée par certains comme une fête de seconde zone qui n’a pas réussi à s’imposer dans la culture française, pour d’autres Halloween est une période de l’année qui rapporte gros.
L’affluence est forte dans la boutique Viva Samba ce jeudi 30 octobre. Bon nombre de Marseillais sont venus y faire leurs achats de dernière minute en prévision de la fête d’Halloween. Une véritable aubaine pour cette enseigne d’articles festifs et de déguisements qui trône au numéro 54 du Cours Lieutaud « depuis plus de 42 ans », comme aime à le rappeler Catherine, la gérante, avec un sourire chaleureux.
Il est parfois difficile de circuler dans les rayons du magasin tant les clients sont venus nombreux. L’espace est pourtant loin d’être confiné avec plus de 80 m2 dédiés entièrement aux déguisements, décorations et autres accessoires. Preuve s’il en faut qu’Halloween n’est pas tant boudée qu’on pourrait le croire par les Français. Ce que confirme d’ailleurs Catherine : « Il y a un vrai un retour en force de cette fête depuis quelques années. L’engouement avait un peu disparu pendant les années 2000 mais je crois qu’à cause des tracas quotidiens et de la morosité ambiante les gens ont besoin de faire la fête pour se détendre. »
Michel, 45 ans, qui fouille les rayons en compagnie de son fils Thomas à la recherche d’un costume et semble partager l’analyse de la gérante : « Effectivement, c’est plutôt une tradition anglo-saxonne, assez éloignée de la culture française. Mais ça reste une occasion de faire la fête en famille, entre amis, enfants et adultes réunis et dans le contexte actuel ce n’est pas de trop. »
Interrogé sur le budget qu’il alloue à cette fête, Michel dit se restreindre à une somme de 50 euros pour les déguisements et autres accessoires. Ce à quoi son fils rétorque que le budget annuel a déjà été dépassé.
Si d’aucuns pensent qu’Halloween n’intéresse que les bambins, impatients de partir à la chasse aux friandises, ils seraient étonnés de la diversité de la clientèle de Viva Samba. Toutes les tranches d’âge sont représentées et parviennent à trouver chaussure à leur pied. « Cette année est assez particulière. Tout le monde semble prêt à participer. Nous vendons beaucoup de costumes d’enfants, ce qui était assez rare les années précédentes, ainsi que des déguisements pour adolescents ou adultes. Et même des personnes âgées viennent acheter de quoi se déguiser ! Il y en a pour tous les goûts, de 7 à 77 ans » se réjouie Catherine.
Outre les costumes, les décorations sont également à l’honneur en cette période d’Halloween. Toiles d’araignées, squelettes et autres citrouilles intéressent tout autant les particuliers que certaines professionnels. « Nous vendons aussi énormément de décorations » nous confie Catherine, « beaucoup de gens veulent décorer leur maison ou leur appartement pour organiser des soirées privées. Mais nous voyons également venir beaucoup de gérants de bars et de discothèques qui veulent mettre leur établissement aux couleurs d’Halloween pour l’occasion. Quelques boutiques seront aussi décorées dans la rue Saint Ferréol. »
La période est donc extrêmement importante pour Catherine et ses employés, tous grimés comme il se doit pour l’occasion, en diablesses, vampires ou encore savants fous. « C’est le plus gros mois de l’année » nous dit Catherine, qui voit son chiffre d’affaires quintuplé en octobre. Et quand on lui demande si la mise en avant de plus en plus précoce des produits de Noël par les grandes enseignes lui est préjudiciable, elle répond de façon catégorique : « Pas du tout ! Personne ici ne songe encore à Noël, c’est bien trop tôt. »
En perte de vitesse il y a quelques années, la fête d’Halloween apparaît donc de nouveau comme un événement majeur pour de nombreux commerçants.
Maxime Rojouan,
article rédigé dans le cadre du cours de journalisme économique dirigé par M. Naudet