Des lampes, des canapés. Des assiettes, des vêtements, des chaussures. Des livres. Un sapin de Noël et deux globes terrestres. Deux étages d’objets divers et variés, dans un joyeux désordre organisé. Dans un coin, des enceintes diffusent en sourdine de la musique. Quelques personnes déambulent calmement dans cette version moderne de la caverne d’Ali-Baba. Nous sommes en plein centre-ville d’Aix, à la Maison d’Emmaüs.
Caché dans une petite rue à deux pas de la cathédrale et de Sciences-Po, le magasin a ouvert il y a trois ans. Il appartient à l’association Emmaüs, fondée par l’Abbé Pierre en 1949 pour combattre la pauvreté et l’exclusion.
Le principe de cette boutique peu ordinaire : revendre les objets de seconde main issus de dons, à petits prix. Les bénéfices reviennent à l’association et font vivre la communauté des Compagnons d’Emmaüs de Cabriès, à quelques kilomètres de là. Une manière, pour l’association, de gagner quelques sous, de promouvoir le commerce solidaire et d’établir un espace d’échange entre les personnes, riches ou moins riches, entourées ou exclues. Impossible donc d’établir un profil-type du client, à la Maison d’Emmaüs on voit passer des étudiants, comme des personnes âgées, les personnes aisées comme les plus modestes.
La cinquantaine bonhomme, Jerry tient la caisse de ce commerce pour le moins particulier. Compagnon d’Emmaüs depuis 24 ans, il en a pris la gérance il y a un an. Son rôle ne s’arrête pas à encaisser, il est là avant tout pour accueillir. Les clients bien sûr, mais aussi les sans domicile fixe, qui passent souvent par la boutique prendre un café, manger un sandwich ou simplement se reposer quelques instants sur l’un des canapés du coin bibliothèque.
Christine, elle, y passe souvent. Pourquoi ? La réponse fuse, immédiate et joyeuse : « Pour chiner !». Plus que l’aspect associatif ou philanthropique, cette aixoise de 55 ans vient chercher ici des objets de caractères, du mobilier insolite auquel offrir une deuxième vie. Elle profite des opportunités du magasin pour aménager le gîte qu’elle va bientôt ouvrir dans la région. Elle y consacre le même budget que lorsqu’elle fréquente une brocante.
C’est d’ailleurs le seul bémol de la Maison d’Emmaüs d’Aix-en-Provence, elle s’apparente parfois plus à une brocante qu’à un magasin solidaire. Des beaux objets, des prix plus élevés que dans les autres commerces de l’association, au détriment de certains clients qui viennent chercher des solutions économiques avant tout. Un inconvénient que résume de manière lapidaire un des rares commentaires négatifs dans le livre d’or : « Bien trop cher, trop vintage, trop Aix ».
Marguerite Dégez,
article rédigé dans le cadre du cours de journalisme économique dirigé par M. Naudet