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À quelques heures d’une nouvelle journée de manifestations contre la réforme des retraites du 7 février, certains jeunes comptent bien faire entendre leur mécontentement. Rencontres avec deux étudiants, à Marseille et Lyon. 

« Évidemment que la retraite est une affaire qui concerne les jeunes ». Bilal Chorfi, étudiant en droit et membre de l’UNEF d’Aix Marseille espère que les jeunes seront encore plus nombreux dans la rue et devant les universités ce 7 février. Pour rappel, ils étaient 150 000 dans les rues le 31 janvier, trois fois plus que la première journée. À Marseille, la faculté Saint-Charles devrait donc être bloquée. Mais à Aix en Provence, les choses apparaissent plus compliquées: « C’est une ville qui se prétend bourgeoise et c’est une ambiance très différente, qui reste très concentrée sur une pseudo-aristocratie. On pense peut-être plus faire une marche symbolique devant le Rectorat » explique l’étudiant marseillais.

À quelques centaines de kilomètres, les lyonnais se sentent, eux aussi, concernés. Pauline Steinbach, de l’institut d’études politiques, bloquait déjà son école le mardi 31 janvier. Elle renouvelle son action ce 7 février. « L’objectif du blocage est de se voir accorder une dispense d’assiduité. Si la fac ferme le temps d’une journée, les étudiants peuvent aller manifester sans sécher. C’est d’autant plus utile pour les boursiers qui se font retirer leurs aides s’ils dépassent un certain nombre d’absences« . 

En plus de bloquer leurs établissements, les étudiants comptent bien aller manifester. « On va se diviser en deux groupes : ceux qui bloqueront l’université, et ceux qui manifesteront » explique Bilal. Pauline, elle, n’hésitera pas à « aller aider les autres universités ». Elle attendra cependant d’avoir reçu un mail officialisant l’annulation des cours. Elle rejoindra le cortège dans les rues lyonnaises par la suite. 

“A force de tirer sur la corde, les choses vont dégénérer”

Pour ces deux étudiants, l’action des jeunes en réaction au projet de réforme des retraites est primordiale. « Les jeunes sont conscients qu’ils seront touchés dans quelques années également » explique Bilal. Mais, plus qu’une opposition au projet du gouvernement, c’est en fait un ras-le-bol général que la jeunesse exprime : “Je vois cette réforme comme une provocation. On manifeste contre la réforme des retraites mais aussi contre l’utilisation massive du 49-3, contre les lois sur l’immigration du gouvernement. La réforme des retraites a été l’élément déclencheur d’un mouvement du peuple” confie Pauline avant d’enchaîner “c’est un choix politique orienté. Ils auraient très bien pu décider de taxer les plus riches”. 

Pour Bilal, le gouvernement français est “en roue libre”. En plus d’une déconnexion totale, il y a une volonté de nuire. Pour l’instant, tout se passe relativement bien, dans un climat pacifique. Mais à force de tirer sur la corde, les choses vont dégénérer”. 

Plus d’un demi-siècle après Mai 68, une partie de la jeunesse souhaite, une nouvelle fois, devenir l’un des acteurs principaux d’un mouvement social.

Colombe Laferté