Un parcours exceptionnel qui attire les critiques tout autant qu’il force l’admiration :
En quelques lignes il est difficile de résumer le parcours de cet homme né à Alger en 1943.
Diplômé de la plupart des grandes écoles françaises : Polytechnique, ENA, Sciences Po, Ecole des Mines.
Ce parcours d’excellence explique son côté touche-à-tout , il a été professeur d’économie, conseiller d’État, conseiller spécial de François Mitterrand de 1981 à 1991, qui dira à son propos « il a une centaine d’idées par semaine, il suffit de trouver la bonne !» .
Ses connaissances des mécanismes de l’économie mondiale l’ont amenées à être fondateur et premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Puis sous Nicolas Sarkozy il a présidé en 2008 la Commission pour la libération de la croissance française pour le redressement de l’économie.
Il dirige actuellement le groupe PlaNet Finance (conseille et forme plusieurs centaines d’institutions de microfinance[) et le groupe Attali & Associés(cabinet de conseil international spécialisé dans le conseil stratégique, l’ingénierie financière et les fusions-acquisitions).
Toutes ces activités feraient déjà de lui le parfait surdoué dans le domaine économique, mais il ne s’arrête pas là.
Fondateur d’Action Contre la Faim et ainsi que du programme européen Eurêka, écrivant (65 essais, biographies et romans), musicien, éditorialiste de L’Express et président du conseil de surveillance de Slate, tous ces éléments font de lui un personnage inclassable. Et il dira de lui-même : «Je suis gourmand de tout.»[
L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine dira même : « C’est pourquoi tant de gens qui l’ont connu ou croisé l’ont trouvé simultanément exceptionnel et insupportable».
Ce qui caractérise Jacques Attali c’est qu’il allie à la fois la réflexion et l’action, qu’elle soit politique ou entrepreneuriale. Il a par ailleurs été considéré comme « l’un des 100 intellectuels les plus importants de la planète ».
Vers une économie positive :
Jacques Attali est à l’origine du Mouvement pour une économie positive. Il nous explique la mise en place du forum sur la Positive Economy initié depuis 2012 par son groupe PlaNet finance qui s’est déroulé pour la 3éme fois du 24 au 26 septembre au Havre. Trois jours de conférences, ateliers et échanges afin de faire émerger petites et grandes idées pour arrêter la fuite en avant économique et écologique de nos sociétés modernes. Car l’objectif dit il est de « s’occuper du long terme, sinon c’est lui qui s’occupera de nous ».
Lors de ce forum il a aussi été question de la création d’un nouvel indicateur. En effet, Attali nous énonce que « Nous ne tenons pas assez compte des générations futures », plus précisément que nous ne prenons pas en compte la transmission des biens et des connaissances entre les différentes classes d’âge ainsi que la soutenir la société sur le long terme. C’est pourquoi avec l’aide Cédric Baecher, il y a été mis au point un indice de positivité alternatif au PIB pour les pays de l’OCDE ; ce qui va dans la continuité de sa critique de la notion de croissance qu’il a opérée depuis les année 80 .
En l’interrogeant sur la gravité de l’actualité économique du jour, qui est la hausse historique de la dette de la France s’élevant à 2.000 milliards d’euros l’économiste nous répondra sous forme de métaphore : « C’est un peu comme si quelqu’un tombait d’un immeuble et disait, en passant devant le cinquième étage, pour l’instant tout va bien. On en est là ». « On peut se dire, ce n’est pas grave. Comme les taux d’intérêt baissent, on peut continuer d’emprunter. C’est moins contraignant que d’augmenter les impôts. Mais en France, contrairement au Japon par exemple, l’Etat emprunte principalement à l’étranger. Nous sommes à la merci d’une décision qui ne nous appartient pas : l’augmentation des taux d’intérêt ».
Tout en concluant : « Il faudra faire des économies, mais cela ne suffira pas. Il faudra certainement créer les conditions de la croissance. Car quand on regarde l’histoire, il n’y a que trois façons de réduire la dette : la croissance, l’inflation, ou la guerre. La troisième, heureusement, n’est pas là. Mais les deux autres non plus. «
On peut se demander aux nombres d’activités diverses et son foisonnement d’idées où trouve-t-il le temps de faire tout ça, il admet: « J’ai au moins trois ou quatre vies, je suis toujours pressé, je dors quatre heures par nuit. Je commence à écrire à 5 heures du matin, et je fais 20 000 kilomètres en avion par semaine ! Pour moi, le sommeil est une vulgarité subalterne ! »
Ce qui le caractérise assez bien puisqu’il est précautionneux du temps et nous avouant même être un collectionneur de sablier. Cela a peut-être une cause, son accident de voiture à 22ans ou il s’est promis » Tu dois vivre chaque instant comme s’il était le dernier. »
Eliore Sobol