Depuis le 13 novembre, on assiste au même manège, chaque matin, à l’entrée du CEA Cadarache. Le centre de recherches scientifiques, situé dans les Bouches-du-Rhône, est en effet placé sous haute surveillance. La crainte d’une nouvelle attaque terroriste impose aux autorités de faire preuve d’une extrême vigilance. A l’entrée du site, deux imposantes barrières laissent passer les voitures une à une. Les agents de la Formation Locale de Sécurité (FLS) veillent au grain : chaque employé doit présenter son badge et montrer patte blanche. Les visiteurs sont quant à eux soumis à un contrôle minutieux : vérification systématique de la pièce d’identité et fouille des véhicules par des hommes lourdement armés. Le dispositif de sécurité est impressionnant.
Pourtant, une fois les barrières franchies, le décor change radicalement. Aux clôtures en fer qui entourent Cadarache sur plus de 17 km se substituent d’immenses arbres. A intervalles réguliers, on croise de grands bâtiments, abritant parfois des réacteurs de recherche, entourés de grilles et de barbelés. Derrière la cime des pins dépassent d’immenses cheminées blanches, grises ou rouges. Cadarache fait penser à une sorte de hameau… à très grande échelle. Panneaux de signalisation, lampadaires et arrêts de bus jalonnent les 50 kilomètres de route qui sillonnent ce gigantesque site. Le centre de recherches offre un sentiment très étrange à ses visiteurs : un lieu où se concentre une technologie de pointe et un espace boisé où se mêlent d’immenses pins, des arbustes coquets et des rochers millénaires.
Jacques Brès, chargé de communication explique avec amusement que le site de Cadarache est parvenu à rester une « forêt domaniale », malgré la présence de Pégase, Phébus, Cabri et Rapsodie, du nom de certains réacteurs du centre. Il raconte même que les salariés ont l’habitude de croiser des biches, des chevreuils ou des mouflons. Cadarache, avec ses habitants sympathiques et la magnifique vue qu’il offre sur les paysages vallonnés environnants, pourrait être considéré comme un petit coin de paradis. Mais certains panneaux ramènent les pieds sur terre : « Alerte générale, car d’évacuation, point d’embarquement » … Le risque existe bel et bien puisque l’on est sur un site où sont stockées des matières radioactives. Pourtant, les salariés ne se privent pas de profiter pleinement du cadre. Alain, ingénieur en sûreté nucléaire, confie aller courir plusieurs fois par semaine pendant sa pause déjeuner. Il raconte avoir rencontré plusieurs fois des sangliers. Mais, selon lui, les animaux ne sont pas du tout agressifs et sont habitués à vivre près des salariés du CEA.
Cadarache présente toutefois l’inconvénient de se situer dans une zone géographique aride. L’été, la sécheresse et l’espace boisé font craindre au CEA le déclenchement d’incendies qui seraient catastrophiques s’ils s’approchaient des installations. Jacques Brès se veut pourtant rassurant en expliquant qu’il y a une surveillance constante au niveau du Belvédère, le point culminant du site. En cas d’alerte, tous les pompiers de la région seraient alors mobilisés.