Le rapport 2021 de l’Index mondial compétitivité et talents (GTCI) a récemment placé la Suède en 5e position des pays les plus attractifs au monde. Aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes capitales scandinaves, Stockholm attire un nombre important d’étrangers. Cette ville dynamique propose un large éventail d’opportunités professionnelles, sans parler d’une qualité de vie très élevée. Jeune travailleur et étudiant, deux expatriés français ont accepté de livrer leur expérience.
À ce jour, près de 4000 Français vivent à Stockholm, ville qui s’inscrit parmi les destinations privilégiées des expatriés. Bien que le climat, la culture et le mode de vie soient en décalage, nombreux sont ceux qui s’y installent chaque année dans le cadre de leurs études ou du travail. Moderne, sophistiquée, mais également traditionnelle et scandinave, la capitale suédoise offre les avantages d’une grande métropole avec une tranquillité et une qualité de vie supérieures. Des atouts qui sont propices à la rétention des talents et au développement de la compétitivité.
Si la capitale suédoise attire par sa qualité de vie, c’est d’abord et surtout pour des raisons professionnelles que les jeunes Français s’expatrient. En dernière année de Master, Hugo Messina effectue un stage dans l’entreprise franco-suédoise Betao, située en plein cœur de Stockholm. Dans un environnement de travail ultra-moderne avec des locaux aménagés en open-space, le travail d’équipe et la collaboration apparaissent comme des valeurs fortes. Un aspect propice au développement des starts-up qui privilégient une structure hiérarchique horizontale où le statut possède moins d’importance. Un constat qui n’a pas échappé au jeune expatrié. « La différence avec les entreprises françaises est incroyable, s’exclame-t-il. En tant que stagiaire, tu es reconnu comme un vrai employé à part entière, ton travail n’est pas dévalorisé. Tout le monde est sur un pied d’égalité mais il y a toujours du respect ». Hugo insiste d’ailleurs sur la cohésion de groupe : « Il y a toujours une très bonne ambiance car beaucoup d’événements d’entreprise sont organisés comme des séances de sport ou des afters-work ». Une atmosphère quotidienne de travail qui reflète un cadre de vie basé sur l’échange et l’innovation.
Mais ce phénomène s’observe également au niveau du système éducatif suédois. Étudiante en Sciences politiques à l’université de Stockholm et expatriée dans le cadre du programme Erasmus, Salomé Chassereau partage son expérience. « La pédagogie est totalement différente » remarque-t-elle. Un décalage entre les systèmes qui n’est pas étonnant au vu du rapport GTCI. Placée en 19e position des pays les plus attractifs, la France se trouve fortement distancée par la Suède. « Par exemple, contrairement au système français, une seule matière est enseignée par mois ». Un élément permettant un apprentissage plus efficace et donc une meilleure continuité entre les cours. Aussi, « tous les dialogues sont en anglais ». Un énorme avantage pour perfectionner sa pratique de la langue. Mais ce qui a le plus frappé la jeune femme concerne le corps enseignant. « Les professeurs sont vraiment à l’écoute et à disposition des étudiants pour les accompagner. La notation est d’ailleurs plus souvent encourageante que punitive ». Elle souligne enfin l’importance de l’interaction au sein des cours : « L’apprentissage est particulièrement tourné vers l’échange avec les professeurs et autres étudiants ».
Une ouverture d’esprit propice à la cohésion
Sur des sujets tels que la santé, l’écologie ou l’égalité des sexes, la Suède arrive en tête. La cohésion des individus au sein de la société suédoise apparaît comme évidente. Elle est d’autant plus nécessaire qu’elle permet à chacun de s’établir dans un environnement agréable. À cet égard, Hugo souligne une différence majeure avec la mentalité française. « Chez nous, la façon de penser est égocentrée. Je trouve qu’on est beaucoup plus individualistes et tournés sur la réussite personnelle. Pour cela, c’est plus agréable de travailler à Stockholm ». Un constat sur lequel Salomé le rejoint : « Il y a un point extrêmement positif, c’est le comportement des Suédois envers les autres individus ». Une ouverture d’esprit d’autant plus frappante qu’elle incite souvent les expatriés à s’établir dans le pays.
Les deux Français s’entendent néanmoins pour affirmer que le premier contact est généralement délicat. « Il faut briser la glace avec les Suédois, ce qui peut être assez compliqué au début. Mais une fois qu’on apprend à les connaître, ils sont très gentils » relève Hugo. Sur cet aspect, Salomé apparaît plus catégorique : « Les Suédois ne s’ouvrent pas forcément. Ils sont très fermés à ce niveau-là ». Une discrétion qui n’affecte en rien l’environnement paisible régnant à Stockholm. Un point sur lequel souhaite insister Hugo : « Le cadre de vie est beaucoup plus sain, moins pollué. Il y a beaucoup d’espaces naturels dans la ville et à proximité, alors que c’est l’une des plus grandes capitales scandinaves ».
Un pays accueillant mais pas toujours accessible
En matière d’innovation et de technologie, la Suède se tourne pleinement vers l’international. Un facteur d’autant plus attractif pour les jeunes travailleurs qui souhaitent trouver un emploi dans ces domaines. Cependant, si les Suédois apprécient particulièrement les expatriés français, ce n’est pas le cas pour les autres nationalités. « Il existe une sorte de rejet, surtout pour ceux qui envisagent de s’installer en Suède » atteste Hugo. Une volonté des suédois de conserver leur microcosme, quitte à « mettre des bâtons dans les roues ». Ce constat peut se justifier notamment par l’instauration du Personnummer* mais également la difficulté d’accès aux logements ou à la nationalité suédoise. Un point de vue que partage Salomé : « Le suédois ne va pas se mélanger ». Ce qui fait, selon la jeune femme, l’attractivité de la Suède est en réalité son excellente maîtrise de l’anglais. « Les cours sont en anglais et sont forcément plus attractifs qu’en France aux yeux des étrangers ». Aussi, il ne faut pas oublier que le pays reste l’un des plus riches d’Europe. Par conséquent, il accueille forcément des étudiants étrangers de tous horizons. À cet égard, Salomé souhaite rectifier certaines idées préconçues. « Certes, la qualité de vie paraît haute mais tout va coûter extrêmement cher. En tant qu’étudiant expatrié tu ne vas pas bénéficier de toutes les conditions de vies avantageuses ». Une raison parmi tant d’autres, de revenir à la maison.
*Numéro national d’identité : le sésame qui ouvre toutes les portes en Suède (administrations publiques, banques, assurances, opérateurs téléphoniques, salles de sport etc).