A l’occasion de la 5ème édition du festival Travelling, huit installations ont investi les rues de Marseille. L’une d’entre elles, The Pig, placée tout proche du Vieux Port a particulièrement intrigué les badauds.
Côté pile, une tirelire géante en forme de cochon en plastique transparent. Côté face, une inscription qui attire l’attention. « Ceci est une cagnotte collective. Vous pouvez y contribuer si vous le souhaitez. Lorsque vous aurez décidé comment l’utiliser, vous pourrez m’ouvrir pour le dépenser ». C’est ce que les Marseillais ont pu observer sur le cours d’Estienne d’Orves, entre le 26 et le 30 septembre dernier.
A travers cette cagnotte commune, le créateur de l’installation, Seth Honnor, interpelle les citoyens sur la notion de bien commun. Avant d’être une œuvre d’art, The Pig est considéré par l’artiste comme une expérience. Cette tirelire géante interroge avant tout sur des questions de société comme la valeur de l’argent, la propriété et la responsabilité collective. Chacun est libre de déposer de l’argent, sans en connaître la destination; ou d’en profiter, en prenant de l’argent précédemment déposé dans le ventre de l’animal. Cette œuvre prend donc tout son sens dans l’espace public, lieu idéal pour provoquer des réactions et amorcer des discussions.
Des réactions diverses et variées
Amusement, curiosité ou perplexité, autant de sentiments contradictoires que suscite cette œuvre pas comme les autres. Quand certains y voient un message de solidarité ou un appel au consensus, d’autres y décèlent un message politique. « Je passe tous les jours et je trouve ça drôle, c’est pourquoi j’y mets de l’argent. Après, il faut voir ce que les gens font avec » s’amuse un passant. « J’aimerais que notre gouvernement soit aussi transparent que The Pig » murmure un autre. Ces réactions, que l’on retrouve sur les ondes de la station marseillaise Radio Grenouille, donnent un bon aperçu de la diversité des ressentis des passants.
Acheter des chaussures à un petit garçon, compléter sa collection de pièces, reconstruire la façade d’un local ou ouvrir la tirelire juste « pour voir », les réactions fusent mais ne se ressemblent pas. C’est sur les conseils de sa maman que, Camélia, 7 ans, récupérera quelques pièces pour les donner à un sans abri. « Je vais pas le garder pour moi! Je vais les donner aux pauvres, parce que ça se fait pas que eux ils n’aient pas de sous alors que moi oui » confie-t-elle timidement. A l’inverse, certains comme Rachid, 41 ans, se contentent de commenter « Je trouve ça plus facile de donner de l’argent que d’en prendre. Prendre finalement ça ne sert à rien si on n’en a pas besoin. Ce qui est bien c’est de participer au projet, d’en faire partie » déclare-t-il.
Le projet? Il ne sera pas défini avant que l’œuvre ait terminé son voyage. En effet, The Pig est nomade. Après Tershelling aux Pays-Bas, les villes de Hull et Norwich au Royaume-Uni, et enfin Marseille, il se dirige désormais vers l’Ecosse.
Pour plus de réactions : https://pigzine.com
Jade Da Costa