Le premier tour de l’élection présidentielle est dans moins d’un mois. À cette occasion, la newsletter a donné la parole aux étudiants du Magistère JCO. Les magistériens ont pu s’exprimer sur le déroulement d’une campagne riche en événements. S’ils ont évalué le niveau des récents débats, ils ont également expliqué pourquoi les jeunes se sentent si éloignés du monde politique français.
Question posée au 1A et 2A
Lorsque l’on demande à l’ensemble des magistériens s’ils comptent se déplacer dans les urnes le 23 avril prochain. La réponse est unanime, puisque selon notre sondage, 95% d’entre eux souhaitent voter à la prochaine élection présidentielle. Mais cela veut-il dire pour autant qu’ils apprécient le niveau de cette campagne ? Les étudiants se sont exprimés en jugeant les candidats dans les récents débats.
« Je trouve que globalement les débats sont vraiment mauvais. Les domaines évoqués sont toujours les mêmes, à savoir le terrorisme, l’insécurité, et la laïcité. Je pense que ces sujets sont devenus prégnants dans notre société uniquement parce qu’on nous les rabâche en boucle. Je pense au contraire qu’il existe des sujets plus importants comme l’écologie, les inégalités, ou l’évasion fiscale… »
« Si on s’intéresse au tour premier débat (Ndlr, lundi 20 mars), je l’ai personnellement trouvé intéressant et instructif. On a pu voir des vraies confrontations d’idées entre les candidats et avoir un regard sur les différents programmes. De plus, c’était un débat qui a brassé l’ensemble des questions importantes. Il y avait un bon niveau, ce n’était pas un show ! »
« Je trouve les débats très limités, surtout avec le principe d’équité mis en place dans cette période précédent la campagne officielle. Je déplore qu’il n’y ait eu que 5 candidats au « Grand débat » sur TF1 même si la chaîne respecte la nouvelle réglementation. Surtout quand on voit que début avril sur la TNT sera organisé un débat à 11. »
« Je trouve personnellement que le niveau des débats est peu élevé. Les affaires de François Fillon et de Marine Le Pen ont tout de même éclipsé les débats de fond. Néanmoins, le débat de lundi soir a permis d’y voir plus clair entre les différents candidats. »
Comme l’a souligné Xavier, les « affaires » récentes ont largement occupé l’espace médiatique français, au détriment parfois des idées proposées par les candidats. La mise en cause des candidats dans des scandales n’encourage pas les citoyens à s’intéresser à la politique. Si les magistériens interrogés se sont dit prêts à une très large majorité à aller voter, cela ne reflète pas le comportement électoral des jeunes. Selon une récente étude Ifop basée uniquement sur les 18/25 ans, l’indice de participation serait seulement de 52%. C’est une abstention jamais atteinte pour une élection de ce type. La tendance principale de cette abstention réside simplement dans la différence des idées entre les candidats à la présidentielle et les jeunes. Les thématiques prioritaires des prétendants à l’Élysée semblent être en totale déconnexion avec cette tranche de la population. Les jeunes paraissent de plus en plus « dépolitisés ». Nous avons ainsi demandé aux magistériens pourquoi leur génération s’éloigne de la politique.
Salomé Moisson
« Je pense que les jeunes se sentent éloignés de la politique parce qu’ils aimeraient avoir des candidats intègres. Ça me désole d’en voir autant touchés par des affaires alors qu’ils se présentent à l’élection présidentielle et qu’ils seront potentiellement présents au second tour. Personnellement, je pense voter blanc pour le moment, même si je rejoins certains candidats sur leurs idées, je ne me vois pas voter pour quelqu’un qui se pense au dessus des lois et, donc, au dessus de nous. »
« Quand on est jeune, il faut déjà s’intéresser à la politique, ce qui n’est pas le cas de tous. Ensuite il est difficile de s’identifier à un candidat sur le plan des idées. Mais je pense que cette élection présidentielle est particulière puisqu’elle réunit des candidats inattendus, rejetés par leur propre parti ou encore inquiétés par la justice, ce qui n’aide pas les jeunes à se positionner, à un mois du premier tour. »
« Les jeunes se sentent de plus en plus éloignés de la politique parce que les politiques n’ont pas adapté leur façon d’interagir avec eux. Contrairement à la génération précédente, nous n’avons pas reçu une « éducation politique » de nos parents. Le sentiment de ras-le-bol général, dont on parle peut-être trop souvent, ne donne pas de crédit aux hommes et femmes politiques. »
« Le problème avec les jeunes, c’est que l’on ne parle pas assez d’eux. Et c’est bien dommage parce que c’est un électorat qui peut changer beaucoup de choses dans une élection. Aujourd’hui, il y a un véritable problème car l’électorat jeune se tourne trop vers les extrêmes, autant de gauche que de droite. Les responsables de cette situation sont les représentants politiques des partis traditionnels qui les oublient depuis plusieurs générations. »
Jordan Piol-Speranza