L’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes en France a été adoptée par l’Assemblée Nationale dans le cadre du projet de loi bioéthique. La mesure qui ne faisait pas l’unanimité est finalement passée sans accroc. Evolution sociétale qui apparaît comme une suite logique pour certains mais à laquelle d’autres restent opposés.
Annoncé de longue date par le gouvernement, le projet de loi bioéthique a fait l’objet de débats à l’Assemblée Nationale à partir du 24 septembre. Le texte comprend notamment l’extension de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. Une mesure qui a été adoptée par la chambre en très peu de temps. Jusque là, seuls les couples hétérosexuels pouvaient avoir recours à cette méthode. Elle prévoit d’étendre ce droit aux couples lesbiens et aux femmes célibataires. Cela signifie que le critère d’infertilité, jusque-là nécessaire, va être supprimé. Comme toute question sociétale, ce souhait d’étendre la PMA se révèle particulièrement clivant. Dès le 21 septembre, le comité éthique de l’Académie de Médecine a émis d’importantes réserves. Son rapport explique que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n’est pas sans risques pour le développement psychologique et l’épanouissement de l’enfant ». Au contraire de nombreuses associations, comme APGL, soutiennent cette « mesure d’égalité entre toutes les citoyennes françaises, quelle que soit leur orientation sexuelle ».
Une jeunesse partagée
Chez les jeunes, les positions sont également diverses. Pour Laura, 22 ans, cette nouvelle porte ouverte est surtout dangereuse puisqu’il s’agit « d’un pas en avant supplémentaire en la matière. Après une revendication en vient une autre. La suivante après cette mesure ? possiblement l’autorisation de la gestation pour autrui (GPA) voire de la manipulation génétique. Depuis quelques années, on manipule dangereusement une boîte de Pandore ». De son côté, Marc, 23 ans, « comprend cette volonté d’égalité mais en l’occurrence, il s’agit de quelque chose qui heurte mes convictions notamment religieuses ». Au contraire, pour Lionel, 25 ans, cette avancée est une très bonne chose « si un couple homosexuel veut un enfant, pourquoi l’en priver ? L’argument selon lequel il faut une mère et un père pour le bien de l’enfant est passéiste avec une arrière-pensée religieuse, il faut évoluer ». Enfin, Elodie, 20 ans ne dispose pas vraiment d’un avis tranché sur la question. D’un côté elle estime que les « femmes se sont battues pour avoir des droits et notamment celui de disposer de leur corps. Cela permettra d’aider de nombreuses personnes et couples à avoir un enfant. Par contre cela n’empêche pas d’encadrer strictement. Mais je pense qu’avant de parler de PMA il faut améliorer les possibilités et régimes d’adoption. »
Maxence Gevin