15h30, place des Prêcheurs. Alors que le chantier bat son plein, les Aixois qui se pressent pour éviter ces travaux titanesques doivent dévier de leur trajectoire habituelle aux pieds de ce qui fut le Parlement de Provence pour longer les ruines où s’activent des archéologues en contre-bas.
Des fouilles qui attirent une foule de curieux. Pour cause, ces vestiges sortis de terre semblent revivre sous les mains des chercheurs. Là, quelque 230 squelettes attendaient patiemment qu’on vienne les déterrer. Presque neuf mois de travail et de patience auront été nécessaires pour que la terre révèle ces témoins du passé. Trépassés depuis l’Antiquité pour certains, et le début du XVIIIème pour les plus récents, les squelettes n’ont plus ni cercueil, ni tombeau. Entre la Madeleine et l’ancien palais comtal, leurs titres et leurs ordres sont devenus poussière. « C’était un cimetière de quartier, probablement assez populaire » explique Nuria Nin, directrice du service municipal Archéologie, qui mène ces fouilles d’une main de maître. De ces sépultures, ne restent plus que les ossements d’Aixois oubliés par le temps, aux côtés d’autres gisements, superposés sous cinq couches. Passionnée, la chercheuse précise qu’il s’agit à la fois d’un « projet d’archéologie préventive mais aussi d’un véritable programme de recherches », remontant même avant la construction du palais comtal. La vingtaine d’archéologues dénichent avec minutie les vestiges du palais à une profondeur avoisinant 1,50 mètre, alors que les travaux ne nécessitaient qu’une cinquantaine de centimètres.
En plus de la redécouverte des trois places à des époques jusqu’alors méconnues, l’étude des squelettes permettra d’en connaître davantage sur l’état sanitaire et le taux de mortalité de l’Antiquité à l’aube de la Révolution. Bref, une belle occasion d’appréhender sous un nouveau jour ce qui fut la capitale de la Provence, et se pencher sur les fantômes de son passé. Attention tout de même, Halloween approche…
Jules BEDO, Maxime CHEHADE, Mélissa HENRY, Mathilde LOPEZ, Marine MARDELLAT, Alexandre REYNAUD