L’ancien Premier ministre français a annoncé sa candidature aux élections municipales barcelonaises du 26 mai prochain. Sa candidature, d’abord jugée farfelue, cristallise aujourd’hui l’attention dans un paysage politique catalan éclaté par les tensions indépendantistes qui ont frappé la région.
« La première fois que j’ai dit « je t’aime », j’ai dit « t’estimo », et pas « je t’aime » », annonce Manuel Valls au milieu de son discours du 25 septembre dernier, durant lequel il annonçait vouloir se lancer dans la course à la mairie de Barcelone. Il a d’ores et déjà annoncé démissionner de tous ses mandats occupés de l’autre côté des Pyrénées (la mairie d’Evry et un siège à l’assemblée nationale). L’ancien Premier ministre de François Hollande devra donc batailler contre la Maire sortante, Ada Colau, proche du parti Podemos, en tête dans les sondages.
Un créneau anti-indépendantiste
Dès l’annonce de sa candidature, Manuel Valls s’est positionné en opposant à l’indépendance de la Catalogne. Il s’était déjà montré très critique à l’égard mouvement durant l’année écoulée. Autre fait marquant, l’ancien Premier ministre n’a pas souhaité être identifié comme un candidat de Gauche, bien qu’il ait été membre d’un gouvernement socialiste et élu PS pendant plus de 30 ans en France. L’idée est sans doute de ratisser le plus large possible, sans devenir clivant. Le néo-catalan est néanmoins soutenu par le parti Ciudadanos, situé au centre de l’échiquier politique. De plus, le mode d’élection à un seul tour l’obligera surement à faire alliance avec d’autres acteurs de la vie politique s’il se trouve réellement en position de pouvoir s’emparer du poste.
Un précédent avec Daniel Cohn-Bendit
La démarche du natif de Barcelone peut surprendre. En effet, Manuel Valls a réalisé l’intégralité de sa carrière politique en France, et n’est plus titulaire de la nationalité ibérique depuis ses 18 ans. Cependant, le traité de Maastricht prévoit dans son article 8B qu’un citoyen de l’Union européenne peut tout à fait se présenter à une élection locale. Les exemples de transfuges ayant réussi à se faire élire sans disposer de la nationalité du pays sont rares. On peut citer tout de même la figure de la gauche écologiste Daniel Cohn-Bendit qui, député européen du Land de Hesse en Allemagne en 1994, s’est présenté sur la liste du parti Les Verts en France en 1999, avant de traverser une dernière fois le Rhin en 2004.
Simon Adolf