Depuis 2010 et pour encore dix ans, le musée Granet expose avec fierté la collection Jean Planque. Zoom sur un homme discret et talentueux qui a su se faire une place respectée.
C’est par hasard que Jean Planque découvre la peinture. Sur le chemin de son école de Commerce à Lausanne, il tombe en admiration devant un bouquet de roses de Renoir. Il franchit alors le seuil de la galerie pour demander des informations sur cette toile inconnue. Le prix le scandalise. Ayant le sens des affaires, Jean Planque sent une brèche s’ouvrir à lui. Pendant la guerre, il développe la vente de chaux, utile aux paysans et s’assure une rente à vie. Une fois la guerre passée, Planque voyage et enchaine les visites de galeries d’arts. En 1948, il s’installe à Puyloubier près d’Aix-en- Provence et se rend sur les pentes de la Sainte-Victoire, afin de suivre les traces de Cézanne, sa référence absolue. Irrésistiblement attiré par la lumière et la Provence dont il aimait la force inspiratrice, Planque y découvre son âme et sa patte d’artiste. De retour à Paris où il œuvre pour la galerie Beyler à Bâle, il trouve enfin sa place dans le milieu fermé de l’art. Doté d’une faculté de sympathie et d’un contact facile, il se lie d’amitié avec les plus grands noms du XXème siècle : Dubuffet, Giacometti, Picasso, Hans Berger…
Grâce à ses activités de marchand et à ses nombreux liens, il constitue peu à peu sa collection. A la fois humble et élégant, travailleur et méditatif, mais surtout entièrement voué à son œuvre, le peintre a conscience que pour être pleinement artiste, il faut s’exclure, s’aveugler complétement. Chose qu’il n’a jamais réussie ou osée faire en homme mondain et sain d’esprit. C’est pourquoi on peut affirmer aujourd’hui que Planque a collectionné les tableaux qu’il n’avait pas réussi à peindre. En plus d’être charismatique, l’homme s’intéresse à tout ce qui l’entoure et à tous les langages picturaux, se laissant séduire aussi bien par le travail vaporeux de Monet que par les compositions géométriques de Delaunay.
Il avait l’habitude de dire : «Il n’y a pas du laid et du beau. Cela n’existe pas. Il y a seulement le mystère, la magie, et l’horrible peut tout aussi bien que le beau exprimer ces choses ». C’est ce qui fait aujourd’hui la richesse de sa collection, qui constitue un panorama de tout un siècle d’arts plastiques. Jean Planque était un homme ambitieux qui s’est accroché à ses rêves et a toujours tout fait pour être l’homme qu’il voulait être : un artiste. Un bel exemple à suivre pour les jeunes.
Léa DUPONT