Vendredi 13 novembre 2015, je regardais à la télévision, chez moi, le match de football entre la France et l’Allemagne : une belle affiche, un match important avant l’Euro 2016. Si j’habitais en région parisienne, j’aurais probablement essayé d’assister au match au Stade de France.
Vendredi 13 novembre 2015, j’aurais aussi pu aller boire un verre avec des amis, notamment pour voir ce match dans un bar, ou juste comme ça, pour profiter d’un début de week-end. On aurait déconné, rit, parlé de tout et surtout de rien.
Vendredi 13 novembre 2015, j’aurais aussi pu aller à un concert d’un groupe ou d’un artiste que j’aime bien, histoire de chanter, de danser, de s’amuser.
Bref, vendredi 13 novembre 2015, j’aurais fait ce que beaucoup de membres de ma génération, et d’autres générations d’ailleurs, font.
Mais vendredi 13 novembre 2015, des lâches ont décidé que ces loisirs étaient de la « perversité », et ont tué des gens parce qu’ils les pratiquaient. Ils ont attaqué Paris parce qu’ils pensent (c’est possible ça ?) qu’il s’agit de la « capitale de l’abomination et de la perversion ». Ils ont donc assassiné ceux qui font les mêmes choses que moi, que des millions de Français, et que des milliards de personnes à travers le monde. Sommes-nous abominables et pervers ? Non, nous sommes libres et joyeux.
Libres, parce que nous avons le choix de faire ce que nous voulons le vendredi 13 novembre 2015, et que rien ni personne ne nous en empêche ou nous le reproche. Joyeux, parce que nous souhaitons profiter de ce vendredi 13 novembre 2015, en passant de bons moments : nous faisons tout pour avoir le maximum d’instants heureux, parce que nous savons que la vie nous en donnera des mauvais, à un moment ou à un autre.
À ce propos, petite question à vous, les lâches : vous avez la chance de croire en un paradis après votre vie sur Terre. Alors pourquoi voulez-vous faire régner le chaos et la désolation quand vous êtes vivants ? En faisant l’inverse, vous auriez double ration de bonheur : sur Terre, et là-haut. Mais il semble de toutes façons que la raison vous échappe.
Lors de leur massacre, les lâches ont aussi tué des gens parce qu’ils étaient Français. Ils nous ont déclaré la guerre, et veulent nous diviser.
La devise de la ville que les lâches ont attaquée est « Fluctuat nec mergitur » (« Flotte mais jamais ne sombre »). Celle du pays meurtri est « Liberté, Égalité, Fraternité ». Ils ont donc perdu d’avance. Paris ne coulera pas dans des flots de haine, et la France triomphera du stupide combat dans laquelle ces ignorants veulent la plonger.
En ôtant la vie à 129 innocents et en plongeant dans le désespoir leurs proches, les lâches ont gâché le vendredi 13 novembre 2015. Cette date sera désormais une blessure persistante.
Mais la vie doit continuer son cours. Et comme les lâches n’ont pas gagné, et ne gagneront jamais, je sortirai boire un verre avec mes amis le vendredi 20 novembre 2015.
D’ailleurs, puisque vous semblez bien maîtriser les réseaux sociaux, je posterai une photo de cette soirée, accompagnée de « #CoucouLesLâches » : vous verrez, j’y serai libre et joyeux.
Xavier PONROY