À 22 ans, Emilien Carrere n’est pas seulement un étudiant en Master 2 à Aix-en-Provence, il est aussi un basketteur de talent. Plus qu’un loisir, ce sport est devenu pour lui une habitude, une attitude.
« Entre le basket et autre chose, c’est le basket ». Dans les rares moments où il ose parler de lui, Emilien est formel : son sport c’est le basket. D’ailleurs, on ne l’appelle pas Emilien mais « Mime ». Un surnom, presque devenu prénom. « Tout le monde m’appelle comme ça! » déclare-t-il du haut de son mètre 87. Ce grand sportif commence la pratique de cette discipline qu’il chérit tant, à 3 ans et demi, au Auch Basket Club, dans son Gers natal. Dans une région où tout le monde s’adonne au rugby, lui a choisi le basket. « C’est moi qui ait demandé à mes parents de m’inscrire. J’ai fait une initiation pendant une foire aux sports et j’ai accroché », confie-t-il.
Dribbler, dunker, tirer… Il s’inspire du duo Kobe Bryant et Shaquille O’Neal, stars emblématiques de la NBA à l’époque où il commence à toucher le ballon. Il grandit, apprend et peaufine son jeu auprès du Auch Basket Club. « J’ai fait toute ma formation dans cette équipe. Cela m’a amené jusqu’en pré-nationale ». A tout juste 15 ans, il est surclassé en senior. L’amour du jeu le propulse dans la compétition. Après deux participations infructueuses au championnat de France avec son équipe d’origine, Mime se fraye un chemin jusqu’à la victoire. En 2014, il remporte le championnat national universitaire avec le Toulouse Capitole, pour sa première saison à leurs côtés.
En bon meneur, il distribue le jeu. « Quand t’es meneur, tu organises le jeu offensif de ton équipe. Tout ce que je ne fais pas dans la vraie vie », ironise-t-il. Timidement, il se surprend à parler un peu plus de lui, de sa personnalité, de ses imperfections. Il avoue être plus impliqué dans le basket que dans n’importe quel autre domaine. « Ça peut m’arriver d’être un peu suiveur dans la vie, mais pas dans le basket » confesse-t-il avec conviction. Progressivement, se dessine le portrait d’un joueur déterminé, parfois agressif sur le terrain. Tout le contraire de l’image du jeune homme calme et flâneur dont il donne l’apparence. « J’étais assez adepte du trash talking. C’est une pratique plutôt répandue dans le basket pour provoquer l’adversaire. C’est toléré mais il faut pas aller trop loin » précise-t-il avec un recul étonnant sur ses débordements passés. « Je peux être plutôt nerveux sur le terrain. Même si je ne le suis pas en dehors. Peut-être parce que ce sport c’était mon truc! ».
Deux chevilles, un genou, l’épaule, l’avant-bras et ça ne s’arrête pas là. Le meneur de jeu s’est blessé à de nombreuses reprises. « Je me suis à peu près tout cassé je crois. Mais j’ai même pas pensé à arrêter » s’amuse-t-il, sourire en coin, l’air de dire « même pas mal ». La douleur? Il en parle quand même. « Les ligaments croisés c’était le pire. Tu sens ton corps qui te lâche. Et la rééducation… ». Une grimace se lit sur son visage comme si la douleur le hantait encore. Plutôt que de se consumer en regrets, Emilien rebondit vite. Peut-être même trop vite selon lui. « À un moment tu comprends que la compet c’est plus pour toi parce que les blessures à répétition ça use. Tu veux juste t’amuser ». Mime s’est laissé une année pour se reposer. Une envie de souffler toute relative quand on évoque la prochaine saison: « Je sais que je me laisserai tenter l’année prochaine. C’est une évidence! ».
Jade Da Costa