Dans son allocation d’hier soir, Emmanuel Macron a annoncé des dispositions drastiques afin de lutter contre la propagation de ce qui est officiellement devenu une pandémie : le Covid-19. La plus radicale étant la fermeture des crèches, écoles primaires, collèges, lycées et universités. Un point sur la situation dans les établissements.
Les étudiants sont ravis, les encadrants pédagogiques débordés. La psychose a laissé place aux mesures. Dès lundi, 12 millions d’étudiants et 3 millions de fonctionnaires se verront mis au repos forcé. Repos, pas vraiment puisque Jean-Michel Blanquer a rappelé que « ce n’est pas une période où les enfants ne doivent pas travailler, ils sont dans la continuité » malgré la fermeture des établissements scolaires. Partout en France, les encadrants pédagogiques se préparent à la mise en place de l’école virtuelle. Le ministre de l’Éducation Nationale, qui déclarait jeudi matin que la fermeture « totale » de toutes les écoles n’avait « jamais été envisagée« , a donné ce vendredi les consignes aux personnels éducatifs.
« Cette mesure, nous y sommes préparés, nous avons mis en place des mesures de continuité administrative et pédagogique. La France a les moyens d’un enseignement à distance. Nous allons avoir grâce au Cned un dispositif qui s’appelle « Ma classe à la maison » avec des cours en visioconférence et des ressources pédagogiques ».
Mise en place de l’école à la maison
À Strasbourg, l’un des clusters de la pandémie, l’école à distance a déjà été mise en place. Mme Amina Ajbali, proviseur du lycée Réné-Cassin, reçoit des indications du rectorat strasbourgeois plusieurs fois par jour depuis deux semaines. « Nous avons 3 cas dépistés positifs au sein de notre établissement, mais plus d’une cinquantaine de cas qui ont été en contact direct avec des personnes atteintes » explique-t-elle. Tous ont dû être confinés et donc éloignés de l’établissement. « Dans ces cas, un professeur de maths a pris l’initiative de dispenser ses cours via visioconférence. À présent, nous allons généraliser ça et les élèves y assisteront de chez eux ».
Chez les professeurs, les réactions sont mitigées. «Beaucoup dénoncent des consignes contradictoires. Malheureusement, la situation évolue tellement vite que les dispositions aussi » déplore la chef d’établissement. L’inquiétude règne principalement autour des classes de terminales et étudiants en prépa en vue des épreuves et concours prévus en fin d’année scolaire.
Les écoles privées, grande écoles et centre de formation d’apprentissage n’ont pas été évoqués par le chef de l’Etat dans son allocution. Latifa El Ouazzani, directrice adjointe du CFA Oberlin à Strasbourg « attend ce vendredi des consignes du ministère du Travail ». Ses étudiants, qui partagent leur temps entre entreprise et école sont encore dans l’incertitude. Finalement, l’établissement sera lui aussi fermé mais les temps en entreprise restent à la discrétions des patrons. « Des mesures seront aussi prises quant aux rémunérations des apprentis ».
« Ne soyez pas inquiets, vous ne serez pas pénalisés par la situation »
Le flou demeure autour des plus petits pour qui l’école à distance risque d’être compliquée. Si les maternelles devraient être exclues, toutes les classes de l’école primaire sont concernées. Eva, jeune institutrice dans les quartiers nord de Marseille, s’inquiète de l’infaisabilité des mesures prévues. « Comment on fait pour les petits qui ne possèdent pas d’ordinateur ? J’ai des élèves qui sont issus de familles nombreuses, comment ils vont faire ? Quel enfant a la priorité pour l’ordinateur ? Ça me semble compliqué ».
L’Université d’Aix-Marseille s’est mise au diapason des mesures du gouvernement dès jeudi soir en communiquant sur les réseaux sociaux. « Nous allons mettre en place des enseignements à distance et nous mettrons en œuvre des modalités de contrôle de connaissances qui tiendront compte de la situation exceptionnelle » a rappelé l’administration avant de rassurer les étudiants : « ne soyez pas inquiets, vous ne serez pas pénalisés par la situation ».
Ces dispositions pourraient être amenées à évoluer dans les jours à venir. Elles pourraient s’appliquer au moins jusqu’aux vacances d’avril selon Jean-Michel Blanquer.
Inès A