À moins d’une semaine du coup d’envoi de la Coupe du monde 2022, l’engouement commence (tout doucement) à monter en France et dans les différents médias de l’Hexagone. Du côté d’Aix-en-Provence, comment se préparent les bars ? Les Aixois sont-ils prêts à s’enflammer comme en 2018 ? L’heure est à la défiance… Pour l’instant.
La question ne se pose même pas en temps normal. Les Aixois, surexcités avant le début d’un Mondial ? Évidemment, et ce comme n’importe quel Français un minimum intéressé par le ballon rond. Oui, mais. Cette édition 2022 ne fait pas dans les règles de l’art et chamboule les coutumes. Pour la première fois de son l’histoire, ce n’est pas l’été, mais l’hiver que se déroule la 22e Coupe du monde de football (du 20 novembre au 18 décembre).
Un changement majeur pour les joueurs, les nations, mais également pour les supporters qui vont devoir bouleverser leurs habitudes afin de suivre la compétition sportive la plus regardée du globe. « Le fait que cela soit l’hiver, ça gâche un peu l’événement », se désole Chiara, 20 ans, habituée aux grandes épopées des Bleus. « L’engouement ne sera pas le même, parce qu’on n’ira pas au bar volontiers vu qu’il va faire froid. Dans le sud, il fait meilleur normalement… Peut-être que j’irai, mais ce n’est pas sûr du tout. Si mes collègues y vont oui, mais sinon je resterai dans mon canapé devant la télé. »
Un désamour pour cette Coupe du monde que valide Cyprien, 21 ans, lui qui est pourtant un consommateur à temps plein de football. « Ce Mondial me passionne moins que la coupe d’Europe. L’été, les terrasses sont pleines, alors que l’hiver, qui aura envie d’être dehors à 20 h ? Sinon il y a toujours des morts sur les chantiers et d’autres problèmes du côté du Qatar. Tout ça fait des décalages et l’engouement est minime. J’irai sans doute voir un ou deux matchs, mais plutôt chez des potes, par goût du foot. »
Le parcours des Bleus : la clé pour attirer le grand public
Du point de vue de Mathias, 23 ans, la ferveur se décidera essentiellement à travers le parcours de l’Équipe de France. Élimination en demi-finale, désillusion dès le premier tour, voire nouveau sacre, les Tricolores seront l’élément déclencheur. « L’engouement dépend de l’évolution de la nation durant l’événement. Il peut durer neuf jours jusqu’à un mois pour certaines nations, ça se ressentira assez facilement chez les fans. En hiver, il y aura moins de motivation pour sortir à mon sens. Les bars seront sûrement pleins, mais je vois mal des gens rester debout dehors dans le froid pour un France – Danemark. Personnellement, cela sera à la maison sur BeIn Sports, et quelques affiches avec les collègues ».
De l’autre côté du comptoir également, la donne va être différente cette année. S’ils n’ont aucune difficulté à attirer du public pendant les Coupes du monde « normales », le défi sera peut-être inhabituel cette fois-ci. Mais cela n’inquiète pas Jean, gérant du bar O’Shannon, qui pronostique un grand emballement autour de l’événement. « Je pense que ça va être comme en 2018, cela ne va rien changer bien que ce soit en hiver. L’Équipe de France, ça attire toujours du monde. Nous en tout cas, on a attend beaucoup d’engouement autour de ce Mondial et on est prêt. On a sept télévisions. On va pouvoir retransmettre tous les matchs. Principalement ceux de la France bien évidemment. »
Même constat pour Enzo co-gestionnaire des bars O’Barrel et O’Petit Cardeurs. « On espère qu’il y aura un grand enthousiasme autour de ce Mondial. Comme nous sommes à l’extérieur, on va mettre des télévisions dehors, en espérant le beau temps. On souhaite également qu’il n’y ait pas trop de débordements. La police est déjà venue à plusieurs reprises pour mettre en place un dispositif de sécurité avant le début de la Coupe du monde. »
« On n’a pas le choix de diffuser les matchs »
Un avis que ne partage pas forcément Dalila, serveuse au Bar à Bières. Cette dernière voit les températures saisonnières comme un frein. « Les matchs vont être diffusés mais après faire un événement autour de ce Mondial, ce n’est pas prévu. Nous n’avons pas une grande capacité pour accueillir beaucoup de monde. Tout dépendra du temps, s’il fait bon ou pas, les gens pourront peut-être se mettre dehors. » Concernant les nombreuses polémiques, Dalila met en avant la nécessité de diffuser ces rencontres pour les supporters malgré les critiques. « On n’a pas tellement le choix de diffuser les matchs honnêtement. Cela ne nous dérange pas, le patron est un fan. On a plein de clients adeptes de foot, qui viennent dans le bar exprès pour voir des matchs. »
Comme une grande partie des villes françaises, Aix-en-Provence ne prévoit pas à ce jour de fan zone pendant ce mois de compétition. Un boycott qui ne va pas favoriser l’émulation entre supporters. Mais le football a régulièrement prouvé qu’il était capable de rassembler les foules malgré les obstacles. Cette année, la barre sera encore plus haute avec un événement fustigé de toute part et organisé dans une période peu commune. Le match des hommes de Didier Deschamps face à l’Australie servira de premier révélateur. Même s’il faut souvent attendre les confrontations à élimination directe pour qu’un pays tout entier s’embrase. Cette Coupe du monde, c’est peut-être comme un bon vieux diesel : long au démarrage, mais quand elle sera lancée…
Lucas Emanuel