Décidément, mieux vaut s’appeler François si l’on veut devenir Président. Après François Mitterrand et François Hollande, François Fillon pourrait bien devenir le huitième Président de la Vème République.
L’actuel Président et celui qui est désormais candidat incontesté de la droite et du centre ont d’ailleurs plus qu’un prénom en commun. Longtemps, leur camp respectif leur a attribué des sobriquets pour le moins réducteurs. « Flamby », « Fraise des bois » pour F. Hollande, « Droopy » et « Mister Nobody » pour F. Fillon, notamment lorsqu’il était en poste à Matignon, de 2007 à 2012. Fort d’une victoire éclatante lors du second tour (il a récolté 66,5% des suffrages), le député de Paris s’est définitivement débarrassé de l’étiquette de simple « collaborateur » que lui avait attribué Nicolas Sarkozy, alors en fonction à l’Élysée.
Celui qui était promis à être le troisième homme de cette première primaire de l’histoire à droite sera donc le candidat du parti Les Républicains (LR) pour l’élection présidentielle de 2017. Entré discrètement en campagne il y a quatre ans, après l’échec retentissant de l’élection à la présidence de l’UMP (devenu depuis Les Républicains), il aura pourtant fallu à François Fillon moins d’un mois pour complétement renverser la tendance.
Face à l’image d’agitation de Nicolas Sarkozy et celle de sérénité d’Alain Juppé, l’ancien Premier ministre a opté pour la posture du « courage de la vérité« . Il est d’ailleurs amusant de constater que ce slogan fut également celui…d’Arnaud Montebourg pour ses campagnes législatives de 1997, 2002 et 2007 ! Force est de constater que son choix fut tout de même payant, au vu du plébiscite révélé par les urnes, que ce soit au premier ou au second tour des primaires.
LIBÉRAL ÉCONOMIQUEMENT, CONSERVATEUR SOCIALEMENT
« Si vous voulez savoir ce que Sarkozy dira, demandez à Guaino (Secrétaire Général de l’Élysée et plume du Président de l’époque, NDLR). Si vous voulez savoir quel temps il fera, demandez à Fillon. » Telle était la plaisanterie qui circulait dans les couloirs de l’Assemblée Nationale entre 2007 et 2012. Les temps ont donc changé. François Fillon est aujourd’hui le leader d’une droite sortie renforcée de cet épisode des primaires. Lui et son équipe vont être amenés à mettre le parti en ordre de marche pour remporter les futures échéances de 2017, présidentielles et législatives. Soutien de la première heure, Bernard Accoyer a ainsi été nommé mardi secrétaire général du parti.
Lors d’une interview accordée à France 2 lundi soir, le candidat a d’ailleurs souligné vouloir que « l’ensemble des forces qui ont participé à cette campagne soient représentées dans la direction du mouvement« . Il en a également profité pour évoquer une perspective d’alliance avec François Bayrou (tiens, encore un François), qui a publiquement exprimé son incertitude quant au programme du vainqueur des primaires.
Fillon s’est basé sur un programme libéral économiquement et conservateur socialement pour convaincre les électeurs. Il propose une réduction de 100 milliards d’euros des dépenses publiques sur cinq ans ainsi que l’inscription dans la Constitution de la « règle d’or », c’est-à-dire l’obligation pour l’État de présenter un budget à l’équilibre. De même, le Sarthois préconise de faciliter les licenciements économiques et de supprimer les 35 heures. Enfin, au niveau sécuritaire, le programme de F. Fillon prévoit la création de 16 000 places de prison et le rétablissement des peines planchers.
Incontestablement, la victoire de François Fillon lui offre une dynamique intéressante en vue de la future élection présidentielle. Un sondage réalisé mardi par l’institut Kantar Sofres–OnePoint pour LCI, RTL et Le Figaro* le place ainsi largement en tête pour le premier tour en avril 2017. Avec 29% des voix, il devancerait Marine Le Pen de six points, en cas d’une candidature de François Hollande et François Bayrou. Puis il battrait la candidate frontiste au second tour assez largement (66% contre 34%). Les autres hypothèses de candidatures à gauche et au centre le donnent également gagnant dans tous les cas de figure. Mais François Fillon le sait désormais mieux que quiconque, les sondages ne sont pas synonymes de victoire…
Xavier Ponroy
*Enquête réalisée en ligne le 28 novembre auprès de 1011 personnes inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. Marge d’erreur de + ou – 3,1%.