Le 34e Festival cinématographique d’automne s’est tenu au cinéma 3 Casino de Gardanne, du 21 au 30 octobre. Après deux années contrariées par le Covid-19, cette édition 2022 s’est déroulée enfin sans restriction sanitaire. Un soulagement pour Laure Gonzalez, présidente de l’association Gardanne Action Cinéma. Même si elle doit toujours faire face à la baisse de fréquentation des salles obscures.
Tanguer n’est pas chavirer. Un proverbe significatif au moment d’évoquer le retour, sans jauge ou autre couvre-feu, du Festival cinématographique d’automne de Gardanne. Contre vents et marées, le navire n’a pas flanché et s’est maintenu à flot lors de ces deux dernières années. Au grand bonheur de son plus fidèle public : « Nous sommes très contents de revenir au Festival sans pass sanitaire », se réjouit Isabelle venue avec sa famille assister à la projection du film « L’innocent » de Louis Garrel, qui affiche complet en ce lundi 24 octobre. « C’est une chance d’avoir un tel événement dans une ville comme Gardanne. Nous avions peur que le Festival disparaisse. Heureusement qu’il a résisté. »
Faire front, ils ont su. Mais le défi fût toutefois immense pour toute l’équipe du Festival. Laure Gonzalez, l’une des gestionnaires du cinéma 3 Casino, revient sur cette période délicate. « Pendant la crise sanitaire, on a eu à cœur de ne pas annuler le Festival. Il fallait garder cette vitrine très importante pour nous. On s’est adapté à un format pour ces temps-là. Financièrement, on savait très bien que l’on n’allait pas s’y retrouver. On a été plus déçus par 2021 que 2020 finalement. En 2021, cela a été plus compliqué avec le vaccin et le pass sanitaire. En 2020, on fait presque 1900 entrées. »
Dans cette époque douloureuse et contradictoire pour le secteur culturel, l’organisation du Festival ne s’est néanmoins « absolument pas poser la question de l’arrêt définitif de la manifestation. Nous, à Gardanne, on a quand même une chance : c’est de recevoir des subventions », rappelle Laure Gonzalez.
« Rien ne remplace le cinéma pour moi »
Lors de cette 34e édition, le Festival proposait au total 45 films à l’affiche dont 25 avant-premières et cinq rencontres avec des réalisateurs. Une offre pléthore et quasi-unique dans la région. « Une ambiance de festival cela reste génial », soutient Laure Gonzalez. « En plus, il n’y en a pas tant que ça dans la région. On est assez fiers de ce statut. On a toujours dit à la ville de Gardanne : ‘’surtout ne faites pas sauter une seule édition’’. Cela serait une mort annoncée. On est l’un des festivals qui propose le plus de contenus dans la région juste derrière Cannes. Cela fait quand même plaisir quand on voit Laurent Cantet, qui est venu plusieurs fois ici, recevoir une Palme d’Or. »
Une proposition cinéphile remarquable, mais qui ne suffit pas toujours à attirer les spectateurs dans les salles de cinéma. Un rapport du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) révélait le 3 octobre dernier que la fréquentation dans les salles obscures, en septembre 2022, baissait dangereusement (-20,7% par rapport à septembre 2021 et -34,3% en comparaison avec septembre 2019). Un constat qui afflige Laure Gonzalez. « Rien ne remplace le cinéma pour moi. Il y a des gens qui avancent souvent l’argument du prix… Quand les spectateurs ont vraiment envie de voir quelque chose, ils les sortent de leur poche les 15 €. Je ne suis pas sûr que cela soit une raison valable. Sinon tout le monde viendrait à Gardanne (rires). Le prix maximum est à 7,90 € et le prix unique du Festival c’est 5,50 €. Non, cela ne peut pas être le prix. »
Alors quelle est la cause principale de cette décrue ? La présidente de l’association Gardanne Action Cinéma a peut-être un élément de réponse. « Les propositions faites par les cinémas n’éveillent pas assez l’intérêt des spectateurs. S’il y a bien une chose sur laquelle je suis d’accord, c’est qu’il y a beaucoup de films qui n’inventent rien, notamment chez les blockbusters. Il y a énormément de reboot ou remake. »
Pour innover et attirer toujours plus de public, le cinéma 3 Casino décide de son côté de rénover son enceinte dès la fin du Festival. Une salle 1 restaurée, les deux autres remises au goût du jour, mais également l’installation d’une technologie nécessaire à l’accueil des personnes malentendantes et/ou malvoyantes… Le Festival sera sur son 31 pour fêter ses 35 ans de vie l’an prochain.
Lucas Emanuel