Ce jeudi 13 octobre à 10h30 au sein du Palais de Justice d’Aix-en-Provence, s’est déroulée l’audience d’installation de Jean-Luc Blachon, nouveau procureur de la République d’Aix, ainsi que de nouveaux magistrats et directeurs des services de greffe.

« L’audience est ouverte ». Tels sont les premiers mots de Christine Peyrache, première vice-présidente du tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence, qui préside cette audience particulière qu’est une audience d’installation, en l’absence pour cause de Covid du président Francis Jullemier-Millasseau. C’est dans une salle flambant neuve que sont accueillis les quatre-vingts invités ce jeudi 13 octobre. L’ambiance solennelle reste chaleureuse afin de souhaiter la bienvenue au nouveau procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, aux deux autres nouveaux magistrats du parquet, aux cinq nouveaux magistrats du siège et aux trois nouveaux directeurs des services de greffe. « Le Palais de Justice d’Aix-en-Provence est revisité de façon moderne et ouvert sur la ville et ses habitants », ajoute Christine Peyrache pour évoquer ce tribunal qui tient 4 000 audiences par an, et se veut apaisant pour les cinquante magistrats du siège, les seize magistrats du parquet (qui représentent la société et défendent l’intérêt public) et les 188 fonctionnaires qui y travaillent actuellement.

Retour à cette installation. Car la tradition veut qu’ils aillent, ensemble, chercher leurs nouveaux confrères en dehors de la salle d’audience. Ils entrent alors sous le regard de l’assistance pour gagner leur place au centre de la salle. La première vice-présidente commence par présenter le parcours professionnel bien rempli du nouveau procureur de la République. Puis Olivier Poulet, procureur de la République adjoint, se lève et se tient droit devant son pupitre pour commencer son discours.

Un accueil enthousiaste et plein d’ambitions

« C’est une journée particulière pour le parquet d’Aix-en-Provence, un événement rare et remarquable », commence le procureur de la République adjoint qui met en avant, dans un discours très solennel, le parcours professionnel admirable du nouveau procureur de la République du tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence. Jean-Luc Blachon est loin d’être un inconnu. Après avoir foulé le parquet du tribunal judiciaire de Marseille en tant que référent en droit de la santé et de l’environnement, ce magistrat de renom a embrassé une carrière parisienne au parquet national financier. Il a pris ses fonctions au tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence le 1er septembre dernier, succédant à l’ancien procureur très apprécié de ses pairs, Achille Kiriakides. « Le travail accompli par mon prédécesseur appelle à l’humilité », a salué Jean-Luc Blachon, bien conscient de la « tâche immense » qui l’attend, comme l’a souligné aussi le procureur adjoint qui a relevé également la compétence, la loyauté et la dynamique du parquet d’Aix-en-Provence. Le nouveau procureur de la République travaille désormais au sein d’une juridiction dont le ressort couvre 750 000 habitants et 41% de la surface des Bouches-du-Rhône.

Des prises de paroles soulevant les problématiques de la justice

Jean-Luc Blachon s’attache à décrire sa volonté de développer la justice de proximité. Le nouveau procureur est convaincu que ce mode de résolution des conflits permettra de « réduire le temps judiciaire […] et enrichira le rapport entre le citoyen et la justice ». Il rappelle les principaux combats menés par les juridictions de la région Paca ces dernières années : les luttes contre le trafic de stupéfiants, les violences sous toutes leurs formes (notamment les violences intra-familiales) et les cambriolages « toujours trop nombreux ». Christine Peyrache énonce le constat sans appel du rapport des États Généraux de la Justice de juillet 2022 : « la justice n’a plus les moyens de remplir son rôle ». Les délais de traitement des dossiers sont trop longs, et par conséquent, les voies d’urgence de résolution des conflits sont trop sollicitées. Le manque de postes de magistrats du siège se fait ressentir : « Il faudrait cinq magistrats du siège supplémentaires pour que la justice puisse vraiment traiter les dossiers dans un temps raisonnable ». Ce manque d’effectifs concerne également le parquet de même que les fonctionnaires. Pour autant, le nouveau procureur reste motivé. Ses pistes de travail sont déjà tracées : raccourcir le temps judiciaire, maîtriser les outils administratifs et maximiser le temps d’audience disponible. Pour ce faire, « l’organisation du travail doit être au cœur de notre action », déclare Jean-Luc Blachon à l’intention des magistrats. « Le tribunal ne saurait être une fabrique d’anxiété ». La sécurisation des décisions sera le principal cheval de bataille du procureur de la République. De nombreux changements attendent le tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence qui pourra s’appuyer encore sur l’expérience et l’expertise reconnues du nouveau procureur. 

 

Emmanuelle Audibert et Tessa Jupon