Sur une période allant du 1er septembre au 30 septembre 2016, un nombre important de chauffeurs de bus du réseau de transport d’Aix-en-Provence a mené une grève.
Il s’agit d’une grève assez particulière… En effet, les chauffeurs s’arrêtaient de travailler 55 minutes, uniquement durant les heures de pointe, du lundi au vendredi. Et cette cessation de travail n’est pas la première cette année. Elle fait suite à une grève du même type, effectuée du 17 mai au 17 juin 2016. Ces mouvements viennent appuyer des revendications claires de la part du personnel : « amélioration des conditions de travail, d’hygiène et augmentation des salaires ».
Pour Nabil Allas, délégué FO, « depuis que c’est Keolis (la société a remporté l’appel d’offres en 2012 pour la gestion des transports) les conditions de travail se sont dégradées. » Beaucoup dénoncent des « conditions d’hygiène déplorable ». Les conducteurs réclament depuis des mois l’installation de nouveaux sanitaires mais la société et la municipalité d’Aix ne cessent de se renvoyer le problème. Et rien n’évolue ! Rachid, chauffeur depuis cinq ans, affirme que « les temps de parcours sont devenus insoutenables et les pauses parfois inexistantes. » Concernant les salaires, même son de cloche : « on a augmenté notre charge de travail sans pour autant augmenter nos salaires », explique-t-il. En effet, comme l’indique Nabil Allas, en plus de conduire, les chauffeurs doivent aussi « gérer les tickets sans pour autant avoir des primes de caisse ». Rachid déplore un manque de réaction de la part de la direction. Leur seul argument, selon lui, est « le manque de sous ». Or le chiffre d’affaire de Keolis augmente chaque année…
Les dirigeants, par l’intermédiaire du directeur Vincent Nicolau-Guillaumet, assurent vouloir instaurer au plus vite des mesures pour résoudre ces problèmes. Pour améliorer les conditions de travail, il a été instauré une commission « temps de parcours » afin d’identifier et remédier aux difficultés du réseau. Concernant la rémunération, le directeur de Keolis pays d’Aix affirme que « les salaires ont augmenté de 1.2%. » Pour l’hygiène, il souligne que depuis 2012, « le nombre de toilettes en bout de ligne est passé de 5 à 20 ». La direction de la société de transport martèle donc que cette grève perlée est pénalisante.
Certains usagers affirment que ce mouvement social leur a été préjudiciable. Milla, jeune collégienne de 14 ans « est arrivée en retard plusieurs fois » à cause de ces grèves. Une personne âgée, présente à l’arrêt de bus, surenchérit en affirmant que cette grève est « une « m… » de plus pour « emm… » les usagers. » D’autres sont plus cléments. C’est le cas de Sophie, 45 ans, habituée des transports en commun. Elle trouve normal que les chauffeurs fassent grève pour faire valoir leurs droits mais elle trouve dommage que les usagers ne soient pas prévenus plus tôt.
Pourtant, les usagers ne sont pas au bout de leur peine. Si aucun terrain d’entente n’est trouvé d’ici là, Rachid confie que la grève sera reconduite au mois de novembre.
Azir Said Mohamed Cheik