© Clarisse Athimon

 

AIXPLORER à travers les femmes, voilà le programme du jour. Partez à la rencontre des Aixoises qui ont eu et ont encore aujourd’hui une influence. Venez fouler les pavés d’Aix au côté d’une guide passionnée, qui retrace les histoires de ces dames, connues ou méconnues du grand public, s’inscrivant toutes dans la grande Histoire d’Aix.

Il est 14h, le 8 mars 2022, une quinzaine de personnes s’apprêtent à s’aventurer durant deux heures dans les rues aixoises, accompagnées de l’esprit de Cézanne. Une visite à la fois classique et unique. La guide-conférencière, Mylène Margail a bien choisi son jour. Quoi de plus propice que d’organiser un périple créé autour des femmes qui ont marqué l’histoire d’Aix-en-Provence, pendant la journée internationale des Droits des femmes. Beaucoup de femmes, mais quelques hommes également, parcourent la ville. Entre statues, monuments, noms de rue et façades… c’est l’occasion de rencontrer de nombreuses femmes engagées et courageuses qui ont vécu dans la ville.

DES FEMMES AIXOISES MISES EN LUMIÈRE SOUS L’ÉCLAIRAGE D’UNE GUIDE PASSIONNÉE

À Aix-en-Provence, la présence des femmes, n’est pas si évidente. Plusieurs raisons à cela : le manque de droits qu’elles possédaient et l’image et la place qui leur étaient vouées dans la société. Bien que certaines d’entre elles ne restaient pas silencieuses, leur voix était parfois ignorée ou remise en question. Le projet de les faire connaître lors de visites guidées a donc mûri chez Mylène Margail depuis plusieurs années.

La visite commence par les deux allégories des arts trônant de chaque côté du cours Mirabeau. Deux sculptures de femmes dépersonnifiées, contrairement à celles de Cézanne, de Caïus Sextus ou encore du Roy René. La visite se poursuit au balcon de l’hôtel de Forbin, toujours sur le cours, où Pauline Bonaparte, sœur de l’empereur, s’exposait au bras de son amant Auguste. Derrière la grande Histoire, le visage d’une femme pion de l’échiquier politique de son frère, affectée par la perte de son époux et de son enfant. Au 4 rue de l’opéra, une façade et une cour, sans plaque. Ici, personne ne soupçonnerait qu’une membre de l’Académie Française, Louise Colet, détentrice de quatre prix, ait exercé son art. Dans ses écrits, jugés « trop féminins » par son amant Gustave Flaubert (qui s’en est tout de même inspiré), une femme qui s’engage pour plus de droits, de libertés et de reconnaissance. Elle n’a d’ailleurs pas été la seule. Gisèle Halimi, un siècle plus tard, a aussi porté haut et fort ces droits en tant qu’avocate des victimes dans l’affaire Tonglet-Castellano à la Cour d’appel d’Aix-en-Provence.

L’agence de visites Secret d’ici est née en 2013, Mylène en est une des fondatrices. Originaire d’Aix-en-Provence et très attachée à la ville et à ses alentours, elle a toujours voulu découvrir son histoire, ou plutôt ses histoires. Cela a commencé dès son plus jeune âge selon sa maman, présente lors de la visite. C’est dans cette démarche de découvertes et de partage que Secret d’ici s’inscrit en proposant plus de 10 parcours aixois avec, dans chacun, des histoires différentes sur le thème de l’archéologie à la Résistance en passant par les hôtels particuliers. Mais un constat est remarquable : on parle toujours des hommes.

C’est Adélaïde de Guidon qui a inspiré Mylène pour cette visite « Aix au féminin ». Cette Aixoise, a été une des prétendantes les plus aimées de Casanova et aussi l’une des seules à l’avoir quitté. D’autres femmes l’ont aussi amené vers cette voix à l’instar de Jacqueline de Romilly. Spécialiste de la Grèce Antique, cette membre de l’Académie Française a dédié un de ces livres non pas à l’Athènes d’avant le Ve siècle, mais à la montagne Sainte-Victoire. « C’est le lieu du bonheur » avait-elle d’ailleurs confié lors d’une interview.

DE SUBTILES ANALYSES POUR DÉCRIRE DE SUBTILS ÊTRES QUE SONT LES FEMMES

« Savez-vous d’où vient l’expression porter la culotte ? » « Connaissez-vous les grandes dates des droits des femmes ?» « Quelle image avez-vous de Pauline Bonaparte ?» La visite s’est révélée un vrai moment d’échanges. En plus d’une analyse toujours très riche, subtile et nuancée des femmes et de l’histoire, la guide avait à cœur de questionner directement et indirectement les participants notamment sur les choix de ces femmes en nous éclairant sur leur époque, leur histoire. La démarche d’Aix à travers les femmes est de repenser l’évolution de leurs droits et celle des hommes conjointement liés. Dans chacune de ses visites sur ce thème, les lieux varient en fonction des curieux qui sont venus l’écouter. Cette archéologue convertie en guide touristique par passion pour la ville et ses alentours a donc plus d’un savoir et d’une histoire dans son Tot-bag.

 

Clarisse Athimon