Le 16 février dernier, le Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence a signé une exceptionnelle collaboration avec le Beijing Music Festival pour la période 2016-2020.
Étendre sa renommée à l’international, c’est le nouvel objectif du festival aixois. New York, le Bahreïn ou encore la Russie avec le Bolchoï, sans oublier le programme européen Enoa ou sa large ouverture méditerranéenne… Au fil des ans, le festival d’Aix a su se bâtir une réputation d’acteur majeur de la scène lyrique internationale. Son rayonnement passe désormais par la Chine.
Échanges et affinités artistiques
« Ce partenariat est inédit notamment pour sa durée : cinq ans c’est colossal dans le monde de la musique », explique Catherine Roques, la directrice de la communication du Festival d’Aix. C’est Linda Davis, mécène fidèle des deux festivals et présidente de la Fondation KT Wong, qui a rapproché leurs directeurs, Bernard Foccroulle et Long Yu. Mais au-delà, ce sont leurs ambitions et leurs valeurs similaires en termes de créativité qui ont conduit à cette coopération d’exception. Pour Catherine Roques, bien que « l’art lyrique ne soit pas aussi développé en Chine qu’en Europe, le Beijing Music Festival a été sensible à la particularité du Festival d’Aix ». « Il y a une réelle affinité », renchérit-elle. Cet accord s’inscrit, ainsi, comme le pilier d’une passerelle entre la Chine et l’Occident.
Des productions qui voyagent
Un enrichissement mutuel va s’effectuer à travers quatre étapes. Il commencera en octobre 2016 avec la représentation de Songe d’une nuit d’été de Benjamin Britten, la collaboration s’appuie sur une source sûre : « Ce spectacle est une reprise des productions mises en scène par Robert Carsen. Il est assez emblématique et a eu énormément de succès ». L’accord continuera en 2017, année marquant les vingt ans du festival pékinois, avec la reprise de l’opéra Written on Skin créé en 2012 à Aix-en-Provence par Georges Benjamin. Il sera suivi en 2018 par la coproduction de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, dans une mise en scène de Katie Mitchell, spectacle dont la création est prévue à Aix en 2016. Les deux festivals envisagent par ailleurs la commande de deux créations lyriques les années suivantes, dont l’une à un compositeur chinois. En plus des productions, ils s’engagent à former de jeunes chanteurs, compositeurs et metteurs en scène.
Une coopération pleine d’enjeux
Bernard Foccroulle se félicite, sur le site du festival, de cette collaboration qui, selon lui, « permettra d’élargir les perspectives du Beijing Music Festival sur le paysage actuel et le développement à venir de la production d’opéra, en Chine et dans le monde ». L’enjeu surpasse le simple aspect artistique. Il s’agit notamment de développer la manifestation aixoise à l’international tout en attirant un nouveau public asiatique. Catherine Roques ne cache pas qu’une telle collaboration est un atout financier pour chacune des parties : « créer des œuvres comme celles présentées au Festival d’Aix a un coût, cette association permet d’accroître les ressources par la mise en place de coproductions ».
Célia Cazale