« Notre père à tous », c’est en ces termes que le célèbrissime Pablo Picasso parlait de Paul Cézanne. Les habitants de sa ville natale semblent en effet très fiers de cette figure locale, puisque de nombreux lieux portent encore son nom, à l’exemple du cinéma Cézanne. Plus frappant encore, un circuit qui sillonne les rues aixoises a été tracé en son honneur. Il promet de nous faire visiter les lieux incontournables de la vie de Paul Cézanne, des maisons où il a vécu aux écoles qu’il a fréquentées, des ateliers où il a peint au cimetière où on l’a enterré. Pour se rendre d’un site à l’autre, il suffit de suivre les quelques 3500 clous incrustés dans le sol de la ville des fontaines. Si la crise sanitaire a contraint la ville a fermer ses lieux culturels, le circuit Cézanne, en plein air, pourrait être une alternative.
Le circuit s’intéresse donc à tous les aspects de la vie du peintre, aussi bien professionnelle que personnelle. À noter que quelques étapes ne sont plus visibles, comme le Café des Deux Garçons du Cours Mirabeau qui a brûlé en décembre 2019, ou les étapes qui sont simplement fermées à cause des restrictions sanitaires. Car si le circuit est en extérieur, il est normalement possible de visiter certains endroits comme l’Atelier de Cézanne, qui reste l’étape la plus immersive de toutes puisque le visiteur se retrouve enfin dans un lieu qui lui est exclusivement dédié, contrairement aux autres. Pour ne rien arranger, les visites guidées qui sont normalement proposées par l’office de tourisme ont elles aussi été évincées. C’est donc seul qu’il faut découvrir les lieux de la vie de Cézanne, ce qui est dommage. On comprend l’intérêt de s’arrêter devant les portes des immeubles où a vécu le peintre lorsque cela est accompagné d’anecdotes rapportées par un connaisseur. Autrement, à moins d’en être un sois-même, savoir que Cézanne passait cette porte pour rentrer chez lui n’en fait pas une porte extraordinaire.
Quelques rares étapes mentionnent le peintre sur des plaques, la plupart d’entre elles, non. Et pour d’autres, elle ont presque disparu : il ne reste de la chapellerie tenue par le père de Cézanne sur le Cours Mirabeau qu’une inscription partiellement effacée au dessus du CIC qui la remplace. Suivre les clous de Cézanne reste une idée de promenade ludique et très agréable pour aller à travers les beaux quartiers d’Aix. Cependant, d’un point de vue culturel, le circuit ne se suffit pas à lui même. Il vaut mieux donc bien se renseigner avant de s’y rendre pour ne pas se retrouver avec trop de questions auxquelles personne ne sera là pour répondre.
Charlène Celzard