Auteur de la bandée dessinée à succès sur Antoine de Saint-Exupéry, Cédric Fernandez, anciennement connu sous le nom de Riviera, ne cesse de s’affirmer sur la scène du neuvième art. A l’occasion de la sortie du tome 2, le 9 novembre, nous avons rencontré ce dessinateur arrivé dans la BD par hasard.
L’histoire commence à Lyon alors que Cédric travaille dans la communication pour faire de la mise en page (PAO). « J’avais un groupe d’amis qui étaient portés sur la BD mais moi, cela ne m’intéressait pas. Ils cherchaient des dessinateurs pour monter un fanzine sur la région lyonnaise. J’ai dit oui, pourquoi pas, mais ce n’était pas mon truc. Pourtant, à force, cela m’a plu. » C’est une fois sur Aix-en-Provence que les choses se sont précisées avec un premier contrat aux éditions Zéphir. Il se traduira par une saga sur l’aviation historique, Le vol des Anges. Une série d’ouvrages qui le lance dans le milieu de la BD aéronautique.
Dessinateur de profession, mais occasionnellement scénariste sur histoire courtes, il trouve refuge chez Glénat avec un projet autour de l’aviateur Antoine de Saint-Exupéry. Le scénario est confié à Pierre-Rolland Saint-Dizier et la colorisation à Franck Perron. Un projet très attirant mais qui nécessite cependant un travail préparatoire très conséquent. « Sur les albums historiques, nous avons eu besoin de beaucoup de documentation. Saint-Exupéry est une légende, en France comme à l’étranger, donc nous n’avions pas droit à l’erreur. Nous avons beaucoup été aidés par la Fondation Saint-Exupéry avec laquelle nous sommes en partenariat. En croisant les informations et en faisant nos propres recherches, nous sommes arrivés à quelque chose de solide. Cela représente la moitié du temps de travail », explique-t-il.
Le premier ouvrage, Le Seigneur des Sables, est paru le 22 octobre 2014. Il raconte la période aéropostale africaine et le début de sa carrière d’écrivain. Mais aussi, là où la légende commence à se construire. Pendant ces deux ans de sa vie il va faire les rencontres qui le mèneront à la rédaction du Petit Prince. Le second tome n’a pas été acté tout de suite après la parution du premier. Glénat avait besoin de garanties quant au succès de cette BD. Ironie du sort, il s’est vendu à 13 000 exemplaires, ce qui est un très bon résultat pour un ouvrage de ce genre. D’ailleurs, avant même la sortie du tome 2, la maison d’édition fait d’ores et déjà le forcing pour qu’un troisième soit programmé.
Le deuxième volume, qui sortira le 9 novembre se concentrera aussi sur une période courte : ses quatre années de guerre jusqu’à sa disparition. Mais aussi, la rédaction du Petit Prince puis ses missions militaires. « On est dans une tonalité différente, couleurs plus froides et quelque chose de plus dur », confie Cédric Fernandez. Le projet de tome 3 abordera sans doute la période de sa vie en Amérique latine alors qu’il survole les Andes avec l’aéropostale. A cette époque, il perd beaucoup de ses compagnons, son quotidien est rythmé par les difficultés du terrain et par les ouvertures de lignes de vol.
Un personnage qui, en somme, l’a logiquement passionné. « Ce qui est impressionnant est qu’il a eu quatre vies en une », nous décrit le dessinateur. « Aujourd’hui, on ne pourrait pas avoir une vie aussi remplie que la sienne. C’était quasiment un explorateur, il a ouvert des lignes postales et aériennes, il a été l’écrivain qui a eu le succès qu’on connaît, il a fait des films aux Etats-Unis. Tout en étant inventeur, il a d’ailleurs déposé pas mal de brevets, et tout cela alors qu’il est mort assez jeune. Quand on lit ses correspondances et ses écrits, on a affaire à un vrai passionné. On voit quelqu’un qui vit à fond, avec une véritable philosophie. Saint-Exupéry aimait bien boire, passer des soirées entres potes, les femmes, pleins de choses mais c’est aussi un intellectuel, quelqu’un qui s’isolait pour réfléchir seul des heures dans son bureau. Personnage assez complexe et difficile à tempérer. C’est vraiment dur parce qu’il faut rester dans un dosage subtil pour ne pas dénigrer le personnage. »
Devenu, malgré lui, une référence en termes de dessin sur l’aéronautique, l’Auvergnat d’origine a aujourd’hui besoin d’alterner avec d’autres univers. Actuellement, il prépare la reprise d’une bande dessinée fantastique. « Je vais continuer Saint-Exupéry car il y a le tome 3 en préparation, mais en parallèle, je reprends les Forêts d’opales. Cela fait du bien de faire quelque chose où on n’est pas pris par la documentation. Je suis content du travail fait sur ‘Saint-Ex’, mais c’est un travail en retenue, graphiquement on ne peut pas trop s’exprimer pour ne pas ‘bouffer’ le personnage. A l’inverse celui-ci n’est que du graphisme. Plus récréatif. Je peux m’approprier la série comme je veux. » Cette reprise sera publiée en plusieurs volets tous les ans.
Mais en attendant, en plus des dédicaces prévues, une exposition sur Antoine de Saint-Exupéry se prépare en décembre au Panthéon à Paris. Des membres du gouvernement sont même annoncés. En partenariat avec la Fondation de l’aviateur, cet événement constituera une belle vitrine. Même si la BD ne constitue qu’une partie de l’exposition seulement, il y aura en plus des écrits et archives de l’auteur, des agrandissements, mais aussi des panneaux explicatifs sur la réalisation de la bande dessinée, des originaux en noirs et blanc, des reproductions en couleur, au total 30 à 40 panneaux. De quoi en prendre plein les yeux.
Alexandre Reynaud
Tome 1 : Antoine de Saint-Exupéry, Le Seigneur des Sables
Pierre-Roland Saint-Dizier, Cédric Fernandez
Editions Glénat
Prix : 14.50 €