Alors que les portes des théâtres, musées ou autres galeries d’art demeurent closes, la situation est de plus en plus tendue. Deux mairies ont fait sécession cette semaine en annonçant la réouverture de leurs espaces culturels. Une pression toujours plus grande, alors que Marseille prépare un manifeste pour accentuer la reprise de l’activité.
La décision de Louis Alliot ne fait pas énormément d’émules. Le maire (RN) de Perpignan a décidé de rouvrir les musées de sa ville il y a une semaine, malgré les restrictions nationales.
Quelques jours plus tard, le maire de la commune d’Issoudun André Laignel imitait l’édile pyrénéen en décidant d’ouvrir partiellement le musée de sa ville. Par voie de communiqué, le vice-président de l’Association des Maires de France affirme ne pas vouloir être associé à la démarche de Louis Alliot. “Il est insupportable de penser que la culture n’est pas un bien essentiel”, poursuit le maire PS de la commune de l’Indre.
Dans sa petite galerie d’art du Panier, entièrement dédiée aux œuvres de son mari, Madame Chaix, 88 ans, déplore le vide instauré par la crise sanitaire. « Nous avions l’habitude avec notre association de nous produire dans les établissements scolaires du quartier, pour des expositions éphémères, ce n’est plus possible. C’est un grand vide pour nous mais aussi pour les jeunes qui avaient une occasion unique d’avoir accès à la culture », déplore-t-elle. Dans cette petite galerie, où s’entassent plusieurs dizaines de toiles aux couleurs chaleureuses, on aime à se perdre dans cette œuvre qui balance entre Marseille, Port-Saint-Louis et Vence. Des paysages qui font voyager dans le Sud.
L’art comme vecteur social, mais aussi économique. « Nous profitons des expositions pour vendre des tableaux, des répliques que nous imprimons. Cela permet d’organiser d’autres événements grâce aux bénéfices récoltés », poursuit celle qui connaît sur le bout des doigts chaque peinture de son mari. « Son œuvre, c’est ce qu’il a laissée, et cette galerie en est le vestige ».
Si elle sollicite l’appui des personnalités politiques locale, c’est pour alerter au sommet de l’Etat, « pour que la ministre de la Culture vienne et voit que nous sommes prêts à reprendre du service ».
A Marseille, après avoir déclaré « l’Etat d’urgence culturelle », le maire Benoît Payan a annoncé la rédaction d’un manifeste, co-signé par les marseillais et à destination de l’Elysée.
Si une désobéissance civile n’est pas à l’ordre du jour dans la cité phocéenne, le ras-le-bol se fait sentir dans un secteur qui comptait 670.000 emplois directs en 2017 en France.
L’appel n’est visiblement pas encore parvenu jusqu’à Roselyne Bachelot. L’ancienne ministre de la santé travaille sur un processus de réouverture des musées. Elle a cependant tenu a préciser qu’il était trop tôt pour fixer une date précise.
Reste que, à quelques kilomètres de Perpignan, les musées ont rouvert de l’autre côté des Pyrénées, et notamment dans la capitale madrilène.
Léo Khozian