La fermeture des salles de sport et la mise à l’arrêt de certains clubs ont réduit les possibilités pour chacun de se défouler et de transpirer. Mais à l’image de la Ville de Cannes, certaines municipalités proposent des entraînements collectifs, en libre accès, permettant aux habitants de se changer les idées. À 34 ans, Taoufik Haris occupe le poste d’éducateur territorial au service Sport et Jeunesse de la mairie cannoise. Il explique l’importance de ces rendez-vous et comment la Covid-19 a changé leur organisation.
Comment est venue l’idée des circuits training ?
« Ces séances de sport existent depuis déjà 5 ans ! Elles sont apparues comme une manière de diversifier l’offre de loisirs pour les habitants. Depuis, ces activités permettent à l’ensemble de la population de bouger, de se retrouver, et tout cela en plein air. Le cadre de vie sur la Côte est idéal pour organiser ces sessions, avec un beau littoral et un grand soleil ! Le concept est de motiver les gens, mais surtout de créer une cohésion entre les Cannois. L’objectif reste simple : passer un bon moment ».
Avant la crise sanitaire, comment s’organisaient les entraînements ?
« Les circuits s’adaptent à toutes et tous, quel que soit l’âge ou l’état de forme. On ne veut surtout pas catégoriser les participants, tout le monde doit être sur un même pied d’égalité. Depuis leur institution, les circuits ont lieu soit en salle soit en plein air, selon la météo. Les séances s’organisent en général entre 45 minutes et une heure. On mélange renforcement musculaire et cardio. Toutes les parties du corps sont sollicitées : c’est plutôt complet ! Les sportifs préfèrent souvent travailler la ceinture abdominale avec un peu de gainage, mais il faut diversifier l’entraînement pour garder une bonne structure. Pour ceux qui ont déjà un bon niveau, on propose d’intensifier les exercices, avec moins de récupération ou plus de temps de repos ».
Qu’est-ce que le premier confinement a changé pendant les séances ?
« La situation était alors toute nouvelle. On avait fait un sondage sur les réseaux sociaux pour savoir qui cela pourrait intéresser. Beaucoup d’avis positifs ont émergé de cette proposition. On envoyait donc, par texto ou email, des séances à faire depuis chez soi. Cela demandait du temps, puisqu’on devait construire des séances solides, mais que chacun pouvait faire dans son salon !
Avec le couvre-feu dès 18 heures, c’est encore différent. On a donc dû composer avec cette contrainte, en adaptant les horaires. La plupart des séances ont maintenant lieu entre midi et 14 heures, puisque les gens peuvent profiter de la pause déjeuner pour s’entraîner. Sinon, on a reculé les circuits en fin de journée : ils débutent à 17 heures et finissent à 17 heures 45, pour laisser le temps de rentrer chez soi. En plus, il n’y a plus d’accès aux lieux couverts, donc tous les entraînements se font en extérieur. C’est une alternative satisfaisante pour le moment, qui nous permet de poursuivre le service ».
Le maintien de l’activité pendant la crise répondait-il à une nécessité ?
« Totalement. Il n’y avait aucune hésitation sur ce point. Faire du sport en extérieur est heureusement encore autorisé. C’est le seul moyen pour les personnes de se sentir mieux, de s’échapper d’une routine quotidienne.
L’effet s’est vite fait ressentir. Par rapport aux dernières années, les demandes ont augmenté drastiquement. On n’a pas de répit, mais c’est bon signe ! Ce qui fait également plaisir, c’est de voir qu’il y a toujours de nouvelles têtes. Les habitués restent et les nouveaux arrivent en nombre. On ne refuse personne ; si le groupe est au complet, on invitera la personne un autre jour ».
Les règles sanitaires ont-elles été contraignantes ?
« On n’impose pas le port du masque. C’est difficile de le porter pendant un effort physique, mais on n’empêche personne de le mettre si ça le rassure. Bien évidemment, on privilégie des distances sociales d’un mètre minimum, voire plus. Tous les gestes barrières sont appliqués pendant les entraînements. Grâce à un système d’inscription, la sécurité est garantie. Avant, le principe était celui d’une libre adhésion. Désormais, les participants doivent envoyer un message la veille du cours, indiquant le jour et le créneau désiré. Ensuite, on valide ou non selon le nombre total d’inscrits. Pour le moment, on accepte jusqu’à six personnes par séance et par groupe ».
Comment expliquer le succès de cette formule ?
« Pour moi, la réponse se trouve dans la fermeture des salles de sport et des piscines et l’arrêt des activités en club. Deux possibilités demeurent : opter pour des cours personnalisés avec un coach payant, ou participer à trois séances gratuites par semaine. Le choix est vite fait. La proposition de la ville est plus avantageuse économiquement et socialement pour les individus. La seule contrainte pour participer avec nous est de présenter un certificat médical et des papiers d’identité, autant dire qu’il n’y a plus d’excuse pour rester à la maison ».
Hugo Messina