Chaque année les Français mangent, en moyenne, 8,1 kilogrammes de chocolat. Pour ce week-end de Pâques ensoleillé et confiné, nombreux sont ceux qui avaient anticipé l’achat de ces gourmandises, industrielles ou artisanales. Rencontre avec un chocolatier près de Rennes, qui a confectionné de nouvelles créations pour le plus grand plaisir de ses clients.

Dans des conditions encore particulières cette année, « les cloches sont passées », déposant des chocolats ci et là pour les enfants et pour les grands. Entre industriels et artisanaux, il y en a pour tous les goûts. Mais le savoir-faire de nos chocolatiers donne un charme inégalé à ces œufs, lapins, poules et autres cloches de cacao. Près de Rennes, François tient une boulangerie pâtisserie chocolaterie. « Initialement, je suis pâtissier de formation. Alors travailler le chocolat est une évidence pour moi et aujourd’hui je ne me consacre plus qu’à ça », confie-t-il. La période de Pâques est la deuxième saison la plus importante pour les chocolatiers, après Noël. Cette année, l’enjeu économique est conséquent. En 2020, avec la crise sanitaire, les ventes ont connu un recul de 27% en grande distribution. Les pertes ont été d’autant plus importantes chez les petits artisans qui, eux, avaient dû fermer. Faute de ne pas être qualifiés de commerces essentiels. Depuis, le gouvernement a revu sa copie. Cette année, les chocolatiers ont obtenu l’autorisation d’ouvrir, même lors de ce nouveau confinement. « C’est une véritable aubaine ! Cette période est cruciale, l’activité est intense et on réalise un chiffre d’affaires conséquent grâce aux ventes des chocolats », se réjouit François. Son carnet de commandes était plein jusqu’à dimanche matin [4 avril]. « Jusqu’au dernier instant, les clients vont venir récupérer leurs friandises, sans compter ceux qui n’ont pas réservé et qu’il faudra servir ! » Cette année, les amateurs de ces gourmandises ont anticipé et pris de l’avance. François se souvient : « ici, dès le mois de février, je notais les premières commandes ».

L’artisan passionné présente un grand choix de chocolats. « Tout au long de l’année, on propose des assortiments différents et pour les deux grandes saisons, à Noël et à Pâques, on crée des collections spéciales ». Du chocolat noir en tablette ou à la casse, aux petits carrés aux goûts variés, en passant par les créations originales pour les thématiques particulières : la vitrine a de quoi séduire. Cette année pour Pâques, le chocolatier propose notamment un grand œuf d’une vingtaine de centimètres de haut, rempli de « fritures » : un assortiment plein de petits chocolats aux formes et  parfums différents. Déclinable presque à l’infini, proposant un large panel de goûts pour les fritures, cette création pourra combler aussi bien les enfants que les adultes. Sandrine est une cliente fidèle. « Pour Noël déjà, j’avais commandé des ballottines d’assortiments avec différents parfums originaux. En plus des classiques chocolats noirs, blancs et au lait, j’avais pris des chocolats épicés, avec de la cannelle, du poivre, du curcuma, du piment. Leur originalité peut interpeller, mais ils sont vraiment excellents ». En achetant les chocolats de François, la mère de famille y voit aussi un autre enjeu. « En ces temps difficiles, c’est important de soutenir nos petits commerçants locaux. Sans parler de la qualité des chocolats, qui sont bien meilleurs que ceux vendus dans la grande distribution ». Provisions faites, les plus gourmands auront de quoi se réconforter un peu pendant ce nouveau confinement.

Lara Dubois

 

La cloche et la poule, chassées par le lapin et les œufs

Depuis quelques années à la période de Pâques, les chocolatiers ont remarqué que la cloche et la poule en chocolat sont moins demandées, au profit de l’œuf et du lapin. Un tel constat pourrait s’expliquer par des raisons liées à la laïcité et à la mondialisation. La cloche est un symbole de Pâques mais aussi de la tradition chrétienne : en signe de deuil, en attendant la résurrection du Christ, il est interdit de faire sonner les cloches entre le jeudi Saint et le dimanche de Pâques. La légende raconte que, parfois, pour justifier ce silence, on explique aux enfants que les cloches sont parties à Rome pour se faire bénir par le Pape. À leur retour, elles distribuent les chocolats. Le lapin, lui, répond à une coutume païenne, symbole de la fertilité. Il est chargé d’apporter les œufs. On le retrouve aussi en Allemagne et aux États-Unis.