L’objectif fixé par le gouvernement a été atteint plus rapidement que prévu. La France a franchi jeudi 8 avril la barre des 10 millions de vaccinations, soit 15 % de la population française, et presque 20 % des adultes.

« Je me ferai vacciner dès que possible, même avec AstraZeneca s’il le faut » affirme Laurent, 50 ans. Ce vaccin est en effet sous le feu des projecteurs depuis que des effets secondaires ont été rapportés. Si, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour franceinfo et Le Figaro, 70 % des français sont favorables à l’injection d’un vaccin, cela dépend tout de même de la référence. Celui de Pfizer emporte une large adhésion avec 70 % de confiance, tandis qu’AstraZeneca est rejeté à l’inverse par 70 % des sondés. En cause, les possibilités, rares, de thromboses, largement relayées par la presse, entre inquiétudes légitimes et emballement médiatique. La Haute Autorité de santé a annoncé vendredi 9 avril à ce sujet que les moins de 55 ans ayant reçu une première dose d’AstraZeneca devront recevoir une seconde dose d’un autre vaccin. Cette situation concerne environ 530 000 personnes.

Pour Laurent, c’est un geste à double sens. « Je le fais pour moi, évidemment, mais à mon âge, je ne suis pas soumis à beaucoup de risques. C’est surtout pour les autres, ceux qui peuvent en mourir et que la situation met chaque jour en danger ». Et du côté de ceux qui sont déjà vaccinés, il reste de nombreuses questions : « On a beau faire le nécessaire, et se protéger, on ne peut pas pour autant retrouver une vie normale, c’est incompréhensible » s’indigne Jean, 75 ans. Des questionnements qui risquent de rester en suspens encore longtemps.

Un retour à la normale encore loin

Le chiffre annoncé de 10 millions de vaccinés, qui paraît encourageant, doit cependant être modéré. En effet, il s’agit uniquement de la première injection, dont le taux de protection est moindre. Et si près de 3,3 millions de Français ont déjà reçu deux doses, soit environ 6,5 % des adultes, cela reste toujours moins que la plupart des pays européens. Le nombre de vaccinations moyen est ceci dit en augmentation : d’environ 130 000 par jour au 1er mars, on est plutôt autour de 300 000 au 1er avril.

Si la situation évolue positivement, l’incertitude demeure sur le long terme. L’Institut Pasteur estimait récemment qu’il faudrait atteindre environ 90 % de taux de vaccination chez les adultes pour parvenir à une couverture vaccinale satisfaisante. Atteindre ces chiffres permettrait de supprimer totalement les mesures restrictives mises en place depuis le début de la pandémie.

Une autre option, avancée par l’organisme, serait de faire vacciner les jeunes (0 – 19 ans), qui représentent près d’un quart de la population française. Il suffirait alors d’obtenir un taux d’environ 65 % chez les moins de 65 ans, et de 90 % pour les personnes plus âgées afin de revenir à une situation normale. Un objectif difficile à atteindre sans rendre obligatoire la vaccination ce qui, sans doute, aboutirait à une levée de boucliers.

Simon Ansart-Polychronopoulos