Pour tenter de ralentir la propagation du coronavirus, le gouvernement a mis en place un couvre-feu à 18h sur tout le territoire national depuis le 16 janvier 2021. Rien de nouveau pour le département des Bouches-du-Rhône puisque la mesure est de rigueur depuis le 10 janvier. Les effets s’en ressentent déjà pour les petits commerçants.
Le couvre-feu à 18h bouleverse nos habitudes, notamment au moment de faire les courses. Les nouveaux horaires ne laissent plus beaucoup de temps pour faire ses achats, à moins de pouvoir y consacrer sa journée entière. Les petits commerces de quartier ont du mal à comprendre l’intérêt de ce couvre-feu avancé qu’ils qualifient de « contreproductif ». Les clients affluent peu avant l’heure fatidique et se retrouvent souvent à devoir attendre dehors afin de respecter le protocole sanitaire. « J’ai beaucoup de monde à 17h45, dès que le gens sont rentrés du travail » explique Vanessa, propriétaire d’une cave à vin du 4ème arrondissement de Marseille. « On a une file d’attente plus conséquente entre 17h30 et 18h, ça créé un encombrement » explique Nicolas, gérant de la boulangerie Boni, dans le même quartier.
Le couvre-feu oblige les potentiels clients à rentrer chez eux plus tôt. Ces derniers ont donc dû adapter leurs habitudes, quitte à déserter les commerces de quartier au profit des grandes enseignes. « Les clients se servent dans des supermarchés entre midi et deux, au lieu de venir en sortant du travail car ils n’ont plus le temps », soutient Vanessa. « Les clients expliquent que c’est pénible, ils se retrouvent à courir avant que les magasins ferment », poursuit Nicolas.
Les petits commerces subissent également des pertes de chiffre d’affaires à cause de cette baisse de fréquentation. Pour Nicolas, il faut attendre encore un peu pour pouvoir évaluer ces pertes : « on n’a pas encore beaucoup de recul mais on commence à constater un manque à gagner ». En revanche, pour Vanessa, le constat est d’ores et déjà établi : « on perd beaucoup financièrement, du fait que les clients se dirigent vers les grandes structures mieux équipées ». Adapter les horaires n’est pas suffisant pour combler ce manque à gagner, comme le confie Vanessa, qui travaille majoritairement entre 18 et 20h : « c’est le moment où les gens sortent du travail. Ouvrir plus tôt ne me sert à rien, les gens ne vont pas acheter leur bouteille de vin à 8h du matin ». Nicolas est sur la même longueur d’ondes « on a dû avancer d’une heure l’ouverture mais notre créneau était vraiment autour de 18h donc ça nous touche directement ». Vanessa envisage éventuellement de travailler davantage le vendredi et le week-end pour tenter de combler les pertes de la semaine, mais préfère ne pas trop s’avancer sur la réussite de son projet.
Mathilde Gibillino