La reine Elizabeth II a toujours eu une relation particulière avec la France. Photo©DJC 

Le décès de la Reine Élisabeth II, le 8 septembre dernier, a suscité une vague massive de réactions à travers le monde. 70 ans de règne au cours duquel elle n’a jamais manqué de montrer son affection « privilégiée » envers la France. 

Jusqu’à ses 96 ans, elle s’est accrochée d’une main de fer à son lien exclusif avec l’Hexagone. Entre rivalité et amitié, la Reine a toujours assumé son adoration pour notre culture et nos paysages. Elle a connu les dix présidents de la Ve République. On retient principalement son admiration à l’égard de Charles de Gaulle et son intime bienveillance avec François Mitterrand. Au-delà de son rapport avec nos représentants et notre patrie, une parenthèse interpelle : le regard des Français sur Sa Majesté. 

Le président de la République, Emmanuel Macron, a rendu un hommage poignant à Élisabeth II. Il s’est exprimé dans une vidéo en anglais le lendemain de l’annonce de son décès. « To you, she was your Queen. To us, she was The Queen. She will be with all of us forever », des mots bouleversants témoignant du soutien et de la douleur partagée au nom du peuple français. De cette manière, il souhaite caractériser notre intérêt au Royaume-Uni qui a su maintenir une royauté respectée et respectable.  

Cette prise de parole du chef de l’État reflète l’attache à notre passé monarchique. En plus de ce discours apprécié des Britanniques, il a ajouté au côté de l’ambassadrice Menna Rawlings que « pendant soixante-dix ans, Élisabeth II a été une Reine de courage et de vaillance, amie de la France. Nous sommes à vos côtés ». De quoi donner du baume au cœur à nos voisins de l’autre côté de la Manche. 

Même si notre pays n’est plus une monarchie depuis plus d’un siècle, quelques partis royalistes demeurent tels que l’Action Française, soutien de la Maison d’Orléans, et l’Alliance Royale, plutôt légitimiste. L’un comme l’autre prône son héritier. Du côté des orléanistes, on a Jean D’Orléans, dit de son titre honorifique « comte de Paris ». Alors que pour les légitimistes, il s’agit de Louis de Bourbon, dit de son titre de courtoisie « duc d’Anjou ». Deux descendants de Louis XIII avec, au moins, un objectif commun : la quête du trône de France. Mais il reste un dernier prétendant, Jean-Christophe Bonaparte, dit « prince Napoléon ». Ce dernier n’a cependant pas d’étiquette politique à ce jour.  

Une Reine de cœur 

Au-delà de ce conflit pour désigner le légitime successeur ainsi que de leur admiration envers la famille royale Britannique au Royaume-Uni, les royalistes ne constituent qu’une simple minorité dans l’Hexagone. La couronne continue d’émerveiller notre peuple … mais seulement de loin pour la majorité des Français. Finalement Élisabeth II, par sa présence, incarnait l’histoire de la France en figurant comme la passerelle entre notre passé et notre présent. Elle aimait notre histoire commune et ne s’en cachait pas.  

Élisabeth II a rapidement séduit les Français. Comment ? Elle s’est merveilleusement bien exprimée dans la langue de Molière lors d’un discours sur l’Europe au palais de l’Élysée, en 1972, aux côtés du président Georges Pompidou. Outre sa sympathie et son sourire chaleureux, le simple fait d’échanger quelques mots dans la langue natale des « Gaulois », lors de ses voyages officiels, l’a distinguée de bien des monarques. 

À défaut du Commonwealth, la France reste le pays qu’elle a le plus visité. La majorité des Français chanceux de l’avoir croisée souligne ce détail du langage. On peut se demander pourquoi ? Tout bonnement parce que bavarder brièvement dans sa langue d’origine avec la Reine d’Angleterre brise des barrières et donne l’impression de se sentir plus proche de Sa Majesté … ce n’est pas rien. 

En interview sur RMC, Stéphane Bern raconte que « quand elle vous parlait, elle vous donnait le sentiment que vous étiez vraiment la personne qu’elle avait envie de rencontrer ce jour-là, même si elle en voyait un million derrière ». L’animateur français de radio et de télévision, reconnaissant de l’avoir rencontrée à plusieurs reprises, rapporte que : « Elle ne regardait jamais derrière votre épaule pour voir s’il y avait quelqu’un de plus important à saluer. » La classe à l’anglaise ! 

Patrick Latrémolière